L'or a beau s'échanger à des prix records, ce sont des matériaux plus exotiques comme le lithium ou ce qu'on appelle les «terres rares» qui volent la vedette au congrès annuel des entreprises d'exploration minière, qui se déroule cette semaine à Québec.

Selon certains experts, le Québec est effectivement en train de dormir sur un important potentiel minier en négligeant ces substances au profit des métaux comme l'or, le fer ou le nickel.

Normand Grégoire, directeur de projets, économie et développement stratégique, de la firme d'ingénierie Genivar, en est en tout cas convaincu. L'homme a investi des centaines d'heures de son temps personnel à compiler des données sur un marché en plein boom: celui des minéraux dits «industriels», un groupe de substances disparates dont les grandes vedettes sont actuellement le lithium et les terres rares.

Demande qui grimpe, offre qui se réorganise à l'échelle mondiale: les astres semblent en effet alignés pour provoquer des opportunités dans ce secteur.

«La progression de l'usage des minéraux industriels est beaucoup plus spectaculaire que celle des métaux», montre d'abord M. Grégoire, qui pointe que sa production mondiale a carrément doublé depuis 1990.

Pour des substances comme le lithium, pressenti pour fabriquer les piles des futures voitures électriques, et les terres rares, un groupe d'une quinzaine d'éléments aux noms étranges comme le lanthane, le californium ou l'einsteinium, l'engouement est encore plus fort.

«Les terres rares, c'est vraiment la saveur du jour», confirme Robert Marquis, du ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

Les terres rares entrent dans la fabrication d'appareils de haute technologie comme les iPod, les piles rechargeables ou les systèmes de radar. Si personne ne s'en souciait jusqu'ici, c'est que la Chine se chargeait de les fournir au monde entier. En 2006, le pays a répondu à 96% des besoins mondiaux.

«On est habitués à ce que la Chine nous envoie ce qu'on veut, quand on veut, à des prix capables de battre toute concurrence, dit M. Grégoire. Sauf que ça va changer.»

L'empire du Milieu a en effet décidé de garder une bonne partie de sa production pour elle-même. Les subventions à l'exportation ont été abolies et remplacées... par une taxe.

Or, il y a des terres rares dans le sous-sol québécois. Quelques entreprises québécoises, dont Matamec Exploration et Mines Aurizons, ont commencé à se positionner. Le sous-sol québécois contient aussi d'autres surprises, dont le fameux lithium. Et à Québec, des conférences qui portant des titres comme «le Québec, futur producteur majeur de phosphore» ont aussi été très courues.

Le Québec a connu une véritable vague d'exploration pour ces nouvelles substances au cours des derniers mois, ce qui a contribué à embellir une année qui avait pourtant très mal commencé avec la crise économique.

L'Institut de la statistique du Québec estime que les dépenses d'exploration atteindront entre 250 et 300 millions cette année - une baisse par rapport au record de 526 millions de l'an dernier, mais une bonne année tout de même.

«Je ne m'attendais pas à ça, avoue M. Thomassin. Et de la façon dont ça se termine, je ne serais pas surpris que ce soit finalement 350 millions.»