La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque vendredi, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Luc Tremblay, directeur général de la Société de transport de Montréal (STM), répond aujourd'hui aux questions de Claude Tessier, président de Sobeys Québec.

Comment la STM voit-elle son implication et son rôle dans le projet de ville intelligente à Montréal et comment compte-t-elle contribuer à son développement/déploiement?

De par son rôle privilégié dans la mobilité, la STM est un partenaire dans le cadre du projet de ville intelligente. L'iBus, qui sera implanté dès cet automne jusqu'au printemps prochain, donnera par exemple aux usagers des informations en temps réel sur le réseau d'autobus. On a aussi déployé le réseau cellulaire dans le métro et offert OPUS en ligne, qui permet de recharger sa carte OPUS à la maison. Sans compter que nous avons des données ouvertes et que nous utilisons des logiciels libres.

Puisque la satisfaction de la clientèle est un aspect important pour vous, quelles sont les plus grandes attentes des clients sur lesquelles la STM travaille et comment s'aligne-t-elle pour y répondre?

L'expérience client nous tient à coeur. On fait des sondages et on embauche des clients-mystères pour mesurer la satisfaction de la clientèle. Un panel réalisé au printemps avec des clients nous a permis de faire ressortir trois thèmes importants pour eux : l'attente du bus, l'achat de titres et l'expérience client dans l'autobus. L'iBus devrait régler le premier, en permettant d'ajuster son déplacement et de réduire l'attente. OPUS en ligne, même si c'est une solution temporaire, facilite de son côté l'achat de billets. Pour améliorer le troisième point, nous avons déployé notre programme d'accessibilité universelle sur presque toutes les 22 lignes de bus. Les nouvelles voitures de métro Azur seront aussi plus spacieuses. Nous donnons également plus d'information sur les réseaux sociaux et nos abonnés ont grimpé de 85 % depuis un an.

Une saine gestion de notre impact environnemental étant un incontournable en tant que chef d'entreprise, quelle est votre vision sur 5 et 10 ans pour intégrer l'aspect de l'efficacité énergétique dans la gestion de votre parc de véhicules et immobilier?

Réduire l'impact environnemental, c'est notre raison d'être. Nous testerons trois bus électriques sur la ligne 36-Monk en 2016. C'est l'avenir. Il y a d'autres initiatives. Notre centre de transport Stinson, qui peut contenir 300 autobus, a notamment reçu la certification LEED Or pour ses mesures vertes, comme son toit végétalisé et sa récupération de l'eau de pluie. On a gagné un prix cette année pour notre démarche d'approvisionnement responsable. On poursuit également l'électrification du réseau. D'ici 2025, on n'achètera plus de bus qui ne sont pas électriques.

Pour vous, par quels moyens doit passer l'augmentation de l'efficacité d'un réseau de transport? Quels sont vos défis et opportunités pour en arriver à des solutions qui satisferont la clientèle?

En ce moment, 65 % de nos lignes de bus sont touchées par les chantiers. Pour augmenter l'efficacité, la voie réservée est imbattable. En 2015, on compte 228 km de voies réservées. Il y en aura 375 km en 2017. On augmentera aussi notre capacité de 8 % avec les voitures Azur. On doit également s'atteler à réduire le déficit de transfert d'actifs. Nos infrastructures doivent être rénovées sur tout le réseau pour maintenir le service et l'expérience client.

Si vous pouviez avoir le système de transport de vos rêves, sans aucune restriction, comment et avec qui le bâtiriez-vous? À l'image d'une autre ville dans le monde, une vision unique, une combinaison des deux?

On se « benchmark » beaucoup, à la STM. La référenciation est utile. Je crois que le meilleur système allierait la rentabilité des réseaux asiatiques, qui leur permet de réinvestir dans leurs infrastructures, avec la planification européenne. Quant à savoir avec qui j'aimerais le bâtir, là, c'est une bonne question. On sent au Québec en ce moment une rare écoute de la part du gouvernement envers nos demandes. Je suis optimiste.

Âge: 47 ans

Études: Luc Tremblay est titulaire d'un baccalauréat en administration des affaires, comptabilité publique des HEC Montréal. Il est aussi membre de l'Ordre des comptables professionnels agréés du Québec et de l'Institut canadien des comptables agréés.

Directeur général depuis: décembre 2014

Nombre d'employés: 10 000

Avant d'être directeur général: il travaille pour la STM depuis 21 ans. Il y a occupé diverses fonctions, notamment celle de trésorier et responsable de la direction des finances depuis avril 2007.



À LIRE LA SEMAINE PROCHAINE


Claude Paquin, président, Québec, du Groupe Investors, répond aux questions de Luc Tremblay.

PHOTO FOURNIE PAR LA STM

Luc Tremblay, directeur général de la Société de transport de Montréal

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIOVES LA PRESSE

Plus spacieux, les wagons de métro AZUR vont transporter 8 % plus de passagers. 

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

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