La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Tous les samedis, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Le président-directeur général d'Ubisoft Montréal, Yannis Mallat, répond aujourd'hui aux questions du président et fondateur d'Énergie Cardio, Alain Beaudry.

Q: Comment les jeux vidéo peuvent-ils s'adapter pour encourager les jeunes à bouger?

R: On peut presque tout faire avec le jeu vidéo, il y a un dialogue entre le jeu et le joueur. Avec les nouvelles technologies, on peut repousser les limites. Par exemple, avec la Kinect, le jeu Just Dance, qui s'est vendu à des millions d'exemplaires, pousse les jeunes et les moins jeunes à dépasser leur peur de danser devant un groupe et à bouger. C'est la même chose avec Shape Up, un jeu de remise en forme qui vise à faire faire de l'exercice aux gens.

Q: Comme père, comment encadrez-vous vos enfants par rapport aux jeux vidéo?

R: Le jeu vidéo est un médium de divertissement comme un autre. Je l'encadre donc au même titre que la télé, par exemple. Je mets une limite de temps, comme plusieurs parents le font. Je m'assure aussi que les jeux choisis correspondent à l'âge de mes enfants, qui sont encore en bas âge. Surtout, j'instaure un dialogue avec eux après. Je leur demande ce qu'ils ont retenu du jeu, ce qui leur a plu, etc.

Cette conversation est bien importante.

Q: Plusieurs estiment que la réalité virtuelle sera une grande tendance en 2015. Est-ce que la réalité virtuelle fait partie des plans d'Ubisoft?

R: On a toujours soif d'innovation, on est à l'affût de la nouveauté, dans notre industrie, et je pense que c'est bien. Je tiens d'ailleurs à souligner que c'est le jeu vidéo qui a d'abord créé la réalité virtuelle.

La réalité virtuelle s'insère bien dans la lignée des jeux ouverts, où le joueur peut profiter pleinement de l'immersion. Ubisoft s'intéresse à cela, mais je crois qu'on en est encore aux premiers balbutiements. Disons qu'on suit la réalité virtuelle de près, mais on attend un peu de voir comment ça va se développer.

Q: On a beaucoup parlé l'année dernière de la place des filles dans les jeux vidéo. Est-ce qu'Ubisoft a adapté ses façons de faire, depuis?

R: On n'a pas attendu que l'on en parle pour réagir. Dans l'industrie, le ratio hommes/femmes est de 80/20. Ubisoft a grosso modo le même. Force est d'admettre que nous embauchons beaucoup de programmeurs, qui sont en grande majorité des hommes. Il faut améliorer l'insertion des femmes dès le recrutement, faire aussi la promotion des programmes d'études auprès des femmes.

En ce qui concerne la place des femmes dans les jeux eux-mêmes, encore là, on n'a pas attendu qu'on en parle pour s'adapter. On a fait du chemin. Beyond Good and Evil, créé par Ubisoft, a par exemple un personnage principal féminin. Child of Light aussi. D'autres jeux, comme Assassin's Creed, ont des personnages féminins qui, sans être principaux, sont forts.

Q: Quel est votre jeu vidéo préféré de tous les temps et pourquoi?

R: J'ai l'habitude de dire que mon jeu préféré n'a pas été inventé et qu'il est encore à venir! Cela étant dit, je garde un souvenir impérissable du jeu Dungeon Master sur Atari ST. C'était un des premiers jeux vidéo de rôle qui donnaient vie à un jeu de plateau. Ça m'a prouvé la force du jeu vidéo, l'interaction qu'il amène et toutes ses possibilités.

Le parcours de Yannis Mallat en bref

Âge: 40 ans

Études: Yannis Mallat est titulaire d'une maîtrise en développement économique et agronomie internationale à l'ISTOM (Institut supérieur en agrodéveloppement international) et d'une MBA de HEC Montréal.

PDG depuis: avril 2006

Nombre d'employés: 2700

Avant d'être PDG: Il a d'abord fait du travail humanitaire en Afrique. Il est entré chez Ubisoft en 2001. Depuis, il a notamment été producteur et producteur délégué de jeux vidéo.