Ce n'est pas parce qu'ils ont la même profession qu'ils ont nécessairement la même réalité. Trois traducteurs québécois discutent de leur métier et démystifient leur quotidien.

Anne-Sophie Antoine, traductrice pigiste

Anne-Sophie Antoine est devenue traductrice grâce à Mafalda. «Un jour, j'ai lu une histoire où elle s'imaginait être interprète à l'ONU. J'avais environ 13 ans, et à partir de ce moment, ce fut comme un déclic, j'ai trouvé ma voie», se souvient-elle.

Elle est aujourd'hui spécialisée en traduction marketing et travaille à son compte avec son conjoint, sous le nom de Go4language. «Mon travail consiste principalement à adapter des campagnes publicitaires pour le marché canadien ou français. Je fais aussi beaucoup de révision, c'est-à-dire que je compare la version traduite avec l'original pour vérifier qu'aucune erreur de sens n'a été commise, puis je m'assure que le texte cible est idiomatique et ne comporte aucune erreur de français», explique la Française d'origine.

Ses clients sont aussi bien des agences de traductions internationales que de petites et moyennes entreprises ou des particuliers. Avec son partenaire, elle collabore notamment avec Amazon, Google et Netflix.

Elle croit que les gens ignorent souvent qu'il y a une distinction entre l'interprétation et la traduction, alors que ces deux métiers sont bien différents puisque l'un se fait à l'écrit et l'autre à l'oral. «Grâce à mon travail, je suis un pont entre deux cultures. Je permets aux gens de se comprendre et par conséquent, je me sens utile.»

Miguel Bourgault, traducteur en agence

Après une première carrière en aménagement paysager, Miguel Bourgault a délaissé la truelle et s'est tourné vers la traduction, en raison de son amour de l'écriture et de la langue française. Il termine présentement son baccalauréat à l'Université de Montréal et réalise un deuxième stage à Textualis, un cabinet de traduction et de services linguistiques basé à Montréal.

«En cabinet, ce sont les gestionnaires de projet qui distribuent les tâches. Mes journées changent donc au gré des contrats. Je traduis des textes provenant d'une variété de domaines, du commerce de détail aux entreprises privées. Ce sont notamment des papiers techniques, des publicités ou des communiqués de presse. Je les traduis toujours de l'anglais vers le français», dit-il.

Pour lui, le plus grand défi du traducteur est de s'effacer, d'arriver à produire un texte qui semble original. «Si personne ne se rend compte que c'est un texte traduit, alors j'ai bien fait mon travail.»

Le traducteur idéal selon Miguel Bourgault est curieux, il a une bonne capacité de compréhension en plus d'être un bon rédacteur et de posséder une solide maîtrise de la langue. «La traduction est un travail intellectuel, mais concret en même temps. On voit les résultats», se réjouit-il.

Josée Desmarais, traductrice juridique

Après avoir vécu 26 ans en Californie (où la traduction en français n'est pas très populaire!), Josée Desmarais est rentrée au bercail il y a une dizaine d'années. Là-bas, elle faisait surtout de l'interprétation, mais elle a renoué avec la traduction à son retour.

«J'ai étudié en droit et je ne travaille que sur des textes juridiques ou presque. Je traduis de l'anglais au français et vice-versa. Je fais aussi de la révision, explique-t-elle. Comme pigiste, on ne sait jamais à quoi s'attendre. J'ai par contre un horaire flexible, c'est la beauté de la chose.»

Josée Desmarais croit que sa profession est méconnue et sous-estimée. «Ce n'est pas parce qu'on est bilingue que l'on est un bon traducteur. Ça ne s'improvise pas. L'Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec fait toutefois du bon boulot pour nous représenter et nous aider à nous démarquer», souligne-t-elle.

Selon la traductrice, il faut s'appliquer et être prêt à investir temps et effort pour être un bon traducteur. «On doit connaître à fond les deux langues que l'on traduit, maîtriser aussi l'orthographe, dit-elle. C'est un beau métier qui me procure la satisfaction du travail bien fait.»