Pour améliorer leur productivité et rester concurrentiels, les employeurs doivent investir de plus en plus en formation. Comment s'y prendre? La Presse vous propose une série d'articles pour découvrir chaque samedi comment une entreprise peut dénouer une problématique en investissant en formation. Cette semaine, le Géant motorisé à Saint-Ambroise, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, et le défi de la main-d'oeuvre saisonnière.

La problématique

Il y avait un grand roulement de personnel au Géant motorisé, principalement parce que les emplois y étaient majoritairement saisonniers. L'employeur craignait de perdre encore plus d'employés chaque année avec l'entrée en vigueur de la réforme de l'assurance-emploi, qui oblige les prestataires fréquents à se chercher un emploi dans leur domaine à 80% de leur rémunération précédente pendant les six premières semaines de prestations et à 70% de leur rémunération précédente à partir de la septième semaine.

L'employeur cherchait des façons de faire travailler son personnel à l'année, ou presque.

Entré en poste comme directeur des finances il y a un an et demi, Jean-François Simard connaissait bien le Géant motorisé puisqu'il était son client alors qu'il était expert-comptable chez Deloitte. Son objectif était d'améliorer la performance de l'entreprise en étirant le plus possible la saison.

«J'avais accès aux résultats de l'entreprise, mais pas à ceux de chacun des départements, raconte-t-il. Sans savoir lesquels étaient rentables, je ne pouvais prendre de décisions éclairées.»

Il a rapidement réalisé un autre problème: les employés ne maîtrisaient pas le système informatique de l'entreprise.

«Il n'y avait pas eu de formation, chacun utilisait le logiciel à sa façon, donc il était sous-utilisé, précise-t-il. On n'avait pas de rapport de productivité et il y avait beaucoup de perte de temps.»

La solution en formation

Jean-François Simard a pris une décision majeure à la fin de l'année dernière: acheter un nouveau logiciel et former tous les employés. Il a obtenu une aide financière d'Emploi-Québec pour la formation.

«J'ai aménagé une salle et les formateurs du logiciel sont venus, explique-t-il. Ensuite, nous avons créé des petites formations à l'interne pour les départements.»

Ce changement ne s'est pas fait sans grincements de dents.

«Par exemple, aux ventes, les employés écrivaient les contrats à la main. Au début, j'ai voulu aller trop vite. Je suis reparti du départ et j'ai procédé par étapes. Dès qu'un élément était acquis, j'ajoutais autre chose. Maintenant, les vendeurs n'ont plus de problème avec les contrats», explique M. Simard.

L'implantation du nouveau logiciel a aussi changé les façons de faire au service de carrosserie. Pour faciliter les réclamations aux plans de garantie, les débosseleurs entrent plusieurs données dans le logiciel et intègrent des photographies.

«Les dossiers bien montés évitent plusieurs refus, engendrent plus d'entrées d'argent pour la compagnie et un plus gros budget pour faire travailler les employés l'hiver, indique David Laroche, directeur du service de carrosserie. Mes employés en sont bien conscients et comme ils veulent travailler l'hiver, ils prennent le temps qu'il faut.»

Expérimenté dans le domaine du véhicule récréatif, David Laroche a été recruté par Jean-François Simard pour remettre le département de carrosserie sur la voie de la rentabilité. Il a quadruplé le nombre d'employés dans son service depuis son arrivée en mars. Il doit faire énormément de formation.

«Travailler sur les véhicules récréatifs est complètement différent de l'automobile, explique M. Laroche. Je leur montre les techniques.»

Ce vent de changement qui souffle au Géant motorisé, fondé il y a 23 ans, a fait doubler le budget de formation.

Emploi-Québec a aidé l'entreprise à payer du perfectionnement à ses techniciens en préparation des unités. Grâce à la mutuelle de formation de la région, des employés ont parfait leurs compétences en anglais.

D'autres activités ont eu lieu en service à la clientèle, en peinture et en propane. Prochainement, certains employés assisteront à une formation en gestion des ressources humaines donnée par BDC (Banque de développement du Canada).

Les résultats

«Avec la formation, on développe un bagage commun, remarque David Laroche. Les travailleurs se sentent plus égaux.»

«Les employés sont contents aussi parce que la formation change leur routine, remarque M. Simard. De plus, cet investissement montre qu'on tient à eux.»

L'hiver s'annonce particulièrement vivant au Géant motorisé. «Avant, les travailleurs du département de service commençaient à préparer les unités en avril et maintenant, ce sera en janvier, indique M. Simard. Plusieurs seront au chômage seulement deux mois plutôt que quatre. Ça fait toute la différence.»

«Je n'ai pas l'intention d'envoyer mes employés au chômage l'hiver, risquer de les perdre, puis devoir en former d'autres au printemps», affirme pour sa part David Laroche.

Sa stratégie? Multiplier le démarchage et diversifier ses opérations en travaillant aussi sur des véhicules lourds. Des contrats sont déjà signés dans le domaine.