L'histoire et l'expérience nous enseignent que les partys de bureau ne finissent pas toujours sur une bonne note. Un cas vécu connu donne en effet la chair de poule: lors d'un party de bureau en 2004 où l'échange de cadeaux était sur la thématique érotique, une employée s'est fait attacher de force avec des menottes par son patron qui, semble-t-il, avait pris quelques verres de trop et insérait sans délicatesse des glaçons dans son chandail en effleurant sa poitrine. Un cas qui a mené à la démission de la dame et au dépôt d'une plainte pour harcèlement psychologique à la Commission des relations de travail.

«Cette histoire d'horreur devrait faire réaliser aux employeurs que le lieu du party est une extension du bureau en termes juridiques et que leurs responsabilités continuent à s'appliquer, rappelle Florent Francoeur, président de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. C'est triste, car le party de Noël devrait d'abord servir à remercier les gens. Ça gâche non seulement la soirée, mais il y a aussi des lendemains qui sont difficiles.»

Ce fut probablement le cas pour ce couple dans cette autre histoire, racontée par une source anonyme: «Ça s'est passé à une table durant un party où il y avait près de 2000 employés rassemblés. La femme d'un employé a décidé qu'elle devait régler le conflit entre son mari et un patron, qui ne voulait pas en entendre parler ; il s'est alors levé. Mais la dame n'avait pas fini de régler ses comptes et elle l'a suivi en hurlant à travers la salle. Son mari s'est mêlé du différend et une chicane de couple a éclaté entre les deux. Finalement, employé et patron ont fait la paix, mais tout le monde aux alentours était maintenant au courant de l'histoire!»

Pour un party sans grabuge

Pour aider les employeurs à planifier un party dont on se souviendra pour les bonnes raisons, le CHRA y va de quelques conseils simples. «L'idée n'est pas de tout contrôler, mais d'offrir un cadre où les gens savent à quoi s'attendre, explique M.Francoeur, par exemple en assurant à ses employés un retour sécuritaire et en les avisant de la tenue vestimentaire appropriée.»

Mais le plus important demeure le contrôle de la consommation d'alcool, avance M.Francoeur. «C'est vraiment la clé pour éviter les problèmes. On peut penser à prévoir de la nourriture, limiter les bouteilles de vin servies par le traiteur ou encore donner des coupons. D'ailleurs, on voit de moins en moins de bars ouverts, car plusieurs jugements ont été rendus sur la responsabilité de l'employeur là-dessus», note-t-il.

Au Cégep F.-X.-Garneau, à Québec, on se fait un point d'honneur de veiller au bon déroulement des partys, explique Sylvie Fortin, directrice des communications. «Nous travaillons avec des jeunes, donc nous sommes très sensibles à l'idée d'adopter un comportement responsable et de montrer l'exemple.»

Parmi les mesures mises de l'avant par le collège: l'abonnement à Tolérance Zéro (service disponible à Québec, Sherbrooke, Victoriaville et Gatineau) et la visite de l'opération Nez rouge lors d'activités rassemblant plusieurs centaines de personnes. «Nous avons toujours une équipe très vigilante sur place lors des partys et elle peut intervenir le cas échéant», ajoute Mme Fortin.

«Qu'on le veuille ou non, les patrons sont en service. Il devrait y avoir au moins quelques responsables sobres qui peuvent gérer des situations délicates lorsque le ton monte ou que deux employés commencent à fraterniser un peu trop», conclut M.Francoeur.