L'emploi dans le secteur de l'environnement au Québec a connu une importante hausse de 27,5% depuis 2007. Le comité sectoriel EnviroCompétences lance ces jours-ci une offensive visant à faire connaître les emplois et programmes de formation offerts dans ce domaine méconnu. Serait-on face au nouvel Eldorado de l'emploi ?

EnviroCompétences est un organisme public à but non lucratif qui sert de «pont» entre Emploi-Québec et les entreprises liées à l'environnement. Sa directrice générale, Dominique Dodier, est catégorique: «Je pense que c'est le nouvel Eldorado de l'emploi! On peut faire l'analogie avec le boom qu'ont connu les technologies de l'information.» Les chiffres appuient ses dires: selon le diagnostic que l'organisme réalise tous les trois ans, le marché de l'emploi en environnement aurait progressé de 27,5% depuis 2007, soit presque 10% par année.

Corinne Gendron, professeure à l'UQAM et experte en développement durable et gestion environnementale, hésite pour sa part à parler de «nouvel» Eldorado: «Ça fait à peu près 20 ans qu'on prédit un boom dans ce domaine. Mais il s'est fait attendre, car il est lié à la création de lois environnementales. Cependant, certaines entreprises anticipent et créent de nouveaux postes sans attendre. On peut penser aux gaz à effet de serre, qui ne sont pas encore réglementés au Canada, mais qui le sont en Europe.»

La création de lois, comme celle sur l'eau potable ou sur les matières résiduelles, explique en partie cette croissance, et l'adoption de nouvelles lois accélérera le phénomène, soutient Dominique Dodier. Parmi les autres facteurs influents: les départs à la retraite des baby-boomers, l'émergence de nouvelles technologies vertes (géothermie, biomasse) et la conscientisation environnementale des citoyens et des entreprises.

Un secteur méconnu

De l'avis de Mme Dodier, les jeunes ont une connaissance limitée des métiers en environnement. «Pour eux, cela se limite souvent à faire de la gestion de déchets ou à militer pour Greenpeace», illustre-t-elle.

Environ 90 000 personnes travaillent en environnement au Québec dans 55 types d'emplois (85 sont répertoriés en France). Les formations vont du DEP aux études postuniversitaires. Hydrogéologues, techniciens de laboratoires, biochimistes, écotoxicologues, par exemple, sont fortement en demande.

En ce sens, EnviroCompétences travaille présentement à la création d'un répertoire des employeurs-recruteurs en environnement, avec une section résumée aux formations, pour aider les chercheurs d'emploi à s'y retrouver. L'ouvrage, réalisé en collaboration avec Jobboom, sera en librairie en janvier 2011.

SNC-Lavalin, multinationale québécoise spécialisée en construction et ingénierie, recherche de 50 à 60 nouveaux employés par année en environnement, selon Jacques Benoît, directeur général de la filiale environnementale, qui emploie 600 personnes. M. Benoît dit aussi manquer de travailleurs spécialisés en «environnement humain»: «On cherche des gens qui sont capables de convaincre des communautés que les projets de nos clients peuvent être bons pour eux, même s'ils auront des impacts sur leur vie. Cela demande de rester sur place et de s'intégrer, des compétences qu'on n'apprend pas nécessairement à l'université!»

À l'UQAM, on note une constante progression des inscriptions pour les programmes menant à une carrière en environnement. Parmi eux, le baccalauréat en sciences de la terre et de l'atmosphère (concentration géologie), connaîtrait une «forte hausse», selon le directeur du programme, Normand Goulet. Le tout nouveau certificat en énergies renouvelables a aussi du succès, avec 30 personnes inscrites.

L'université planche d'ailleurs sur la mise en place d'ici un an ou deux d'une majeure en environnement, qui pourrait se transformer en baccalauréat dans les prochaines années. «L'environnement touche plusieurs sciences, de la chimie à la biologie en passant par les sciences politiques et juridiques. Le grand public s'y perd un peu et, bien souvent, les gens se font du capital politique et ça devient idéologique. Pour éviter cela, il faut former des personnes compétentes en valorisant une approche scientifique et quantitative», dit M. Goulet.