En novembre, trois élèves, deux parents, une psychologue et conseillère d'orientation ont partagé leurs questionnements, leurs réflexions et des conseils sur l'orientation scolaire et le choix de carrière.

Dès les premières minutes de cette table ronde, une évidence se manifeste: s'orienter rime de plus en plus avec se réorienter. Ou du moins en envisager la possibilité. Ainsi, quand paraîtra cet article, Alexander Ramos-Cunha étudiera toujours au collège de Maisonneuve, mais en sciences humaines, profil Administration, un programme bien différent de celui qu'il suit actuellement.

 

Pour sa part, Isabelle Locas aura regagné le centre de formation Compétences 2000, où elle prépare son diplôme d'études professionnelles en secrétariat, étape d'un cheminement non linéaire. Quant à Virginie Jacques-Nadeau, qui a failli suivre les traces d'Alexander, elle sera restée fidèle à son choix initial.

«En 5e secondaire, j'ai dû choisir une orientation sans savoir quel métier je souhaitais exercer. Je savais cependant que je voulais faire des mathématiques au cégep, puis des études universitaires.» Elle s'inscrit finalement en sciences humaines, profil Regards sur la personne avec mathématiques, au cégep du Vieux-Montréal. Un large éventail de domaines lui devenait ainsi accessible.

Un an plus tard, Alexander vit une situation similaire. Puisqu'il est incapable de se projeter dans un avenir professionnel, mais qu'il se défend très bien en sciences, Jean-Louis Meka, son beau-père, lui suggère d'opter pour les sciences pures. L'idée lui plaît.

«J'ai choisi sciences de la nature, profil Sciences pures et appliquées, en me disant que ça m'ouvrait plus de portes à l'université. Le seul problème, c'est que... je n'aime pas ça! Au secondaire, j'avais les notes, mais les notes, ça ne veut rien dire. D'ailleurs, au cégep, je ne les réussis pas bien, mes cours de sciences! J'ai fait une erreur.»

Selon la psychologue et conseillère d'orientation Isabelle Falardeau, cette stratégie n'était pas bête du tout. «Sauf que si, finalement, le jeune n'aime ni la chimie ni la physique, il doit réagir vite! S'il perdure dans un programme qui ne l'intéresse pas, ses notes baisseront et là, il risque d'amocher son dossier pour l'université.»

Dans les jours suivant la table ronde, une question tarabuste la maman de Virginie: est-il vrai que sciences de la nature est le sésame de l'université? «Beaucoup de parents le croient... à tort, répond Isabelle Falardeau, relancée à ce sujet. Un jeune qui ne s'y inscrit pas se bloque les programmes universitaires en santé, peut-être un peu ceux du génie, quoique le DEC technique y mène aussi. En revanche, un élève qui s'y inscrit et qui obtient de mauvaises notes en première session se ferme les portes de certains programmes contingentés.»

Vous croyez que l'indécision d'Alexander et de Virginie reflète moyennement la réalité? Détrompez-vous: 80% des élèves qui terminent leurs études secondaires n'ont pas de projets scolaires et professionnels précis!

Isabelle Locas est du lot. En dernière année de secondaire, elle tangue un peu, se questionne sur ses champs d'intérêt, puis eurêka! «J'aime les enfants; je travaille en camp de jour depuis l'âge de 14 ans. Aussi, j'ai pensé que techniques d'éducation à l'enfance (TEE) serait un bon choix.» Hic: plus ses études avancent et moins l'idée d'être éducatrice à l'enfance à vie l'emballe. «Je trouve ça trop routinier.»

Un air connu de la psychologue Falardeau.

«Plusieurs élèves m'affirment ne pas vouloir d'un job routinier. Or, la routine, on la voit là où l'on veut bien. Je me souviens d'une jeune médecin qui, après six mois de pratique, m'a dit: tout ce que je fais, c'est voir des gens qui veulent des anti-inflammatoires, qui ont le rhume, qui ont un enfant souffrant d'une otite... Donc, peu importe le métier, la routine dépend du regard qu'on porte sur les choses.»

Cette chronique est un service de Septembre éditeur (www.septembre.com) qui diffuse des informations sur les métiers et professions: 1ermars.monemploi.com et www.monemploi.com, où vous trouverez l'intégrale de ce texte. Bonne lecture!