Tous trois sont dans la jeune trentaine et en pleine forme. Pour gagner leur croûte, ils font du pain, des croissants, des chocolatines, des pâtisseries, des quiches et autres gourmandises. Ils exploitent L'altesse, une boulangerie artisanale avenue Victoria, à Greenfield Park.

Karine Racicot est le leader et l'entrepreneure, Suzie Boivin est l'artiste et Mathieu Barbeau l'artisan. Ils sont déterminés, organisés, créatifs et ambitieux. Ils accordent beaucoup d'importance à la fraîcheur, à la qualité de leurs produits et à la satisfaction des goûts de leur clientèle. Autant de qualités indispensables à la pratique de ce métier traditionnel qui leur permet d'échapper à la routine du métro-boulot-dodo, mais qui n'en est pas moins exigeant.

 

Le parcours qui les a conduits au pétrin et au four a été différent pour chacun, mais ils partageaient le même rêve: posséder un jour leur propre entreprise et n'avoir de comptes à rendre qu'à eux-mêmes. Opération réussie, mais non sans difficulté.

Karine Racicot, comme beaucoup de jeunes, ne savait pas exactement quelle carrière lui donnerait le plus de satisfaction. Après avoir tâté du design d'intérieur, elle bifurque vers la pâtisserie. Elle suit le cours dispensé au Centre de formation professionnelle Jacques-Rousseau. Le stage imposé dans une pâtisserie lui donne définitivement la piqûre.

«Par la suite, raconte-t-elle, exception faite de l'administration et du service à la clientèle, j'ai touché à tous les procédés de fabrication. Sans oublier ma rencontre avec Suzie et Mathieu qui, avant de devenir mes associés, ont d'abord été des collègues de travail pour devenir ensuite des amis.»

De son côté, Suzie Boivin a étudié la pâtisserie à l'École polyvalente de Jonquière. Une fois ses études terminées, elle travaille durant quatre ans à l'hôtel Holiday Inn de l'endroit. «Puis, dit-elle, j'ai fait le grand saut. Je suis venu m'installer à Montréal.» Peu de temps après son arrivée, elle est embauchée par la pâtisserie Roland à Longueuil, lieu où les trois futurs associés découvriront qu'ils sont fait pour s'entendre.

Le parcours de Mathieu Barbeau diffère de celui de Karine et de Suzie. Il se destine au théâtre et n'a aucune formation en pâtisserie ou en boulangerie. Et, de son propre aveu, cuisiner des gâteaux n'exerçait aucun attrait sur lui. Comme beaucoup d'étudiants, il doit travailler. Il sera livreur, puis aide-pâtissier pour ensuite, tout à fait par hasard, retrouver Karine et Suzie. «Ce que je sais de la pâtisserie et de la boulangerie, je l'ai appris sur le tas.»

Les obstacles

Aujourd'hui, deux ans et demi après l'acquisition de leur boulangerie, ils peuvent à tour de rôle se payer des vacances et travailler cinq jours plutôt que sept. Mais avant d'en arriver là, il leur a d'abord fallu surmonter quelques obstacles. Obstacles qui, de leur propre aveu, auraient été facile à surmonter si leur bagage académique de pâtissier avait été enrichi de connaissances en gestion d'un commerce de détail.

«Lorsque je me suis mis à la recherche d'un prêt pour acheter la boulangerie, se souvient Karine, je me suis vite rendu compte que les banques ont tout le loisir d'imposer des règles qui ne sont pas faites pour les jeunes entrepreneurs qui ne veulent pas mettre tous leurs biens en garantie.» Heureusement, sa mère qui s'y connaît en finances, veillait au grain. C'est elle qui, devant le désarroi de sa fille dont le rêve s'envolait en fumée, a repris le dossier et l'a défendu auprès de sa banque. «Elle ne nous a pas appris à faire du pain, de dire Karine en souriant, mais si nous en savons plus sur la gestion, c'est grâce à elle.»

Ce n'est là qu'un des exemples des péripéties qui ont jalonné la petite histoire de leur boulangerie. Ainsi, si tous trois ont de l'expérience en pâtisserie, aucun d'eux n'avait jamais fait de pain. Ils découvrent vite que si pâtisserie et boulangerie sont apparentées, elles sont différentes l'une de l'autre. Heureusement, les anciens propriétaires avaient consigné des recettes de pain et quelques secrets qui continuent de faire le succès de la maison.

Après deux ans et demi, leur chiffre d'affaires est en nette progression, ils ont des velléités d'ouvrir une succursale et, comme le fait fièrement remarquer Mathieu, leur efficacité a quadruplé.

Le secteur de la boulangerie et de la pâtisserie compte plus de 500 établissements au Québec. Son chiffre d'affaires dépasse le milliard de dollars et emploie plus de 11 000 personnes. Avec une forte présence des moins de 25 ans, le métier de boulanger pâtissier offre un style de vie qui en attire plusieurs.

Pour en savoir davantage: le site d'Emploi-Québec, Toutpourréussir.com, de l'Inforouteftp et celui du Conseil de la boulangerie du Québec.