Après avoir été évincé de son poste de président et chef de la direction, le fondateur montréalais du fabricant de vêtements American Apparel, Dov Charney, a récemment porté à près de 43 % sa participation dans la compagnie, alors qu'il se bat pour en garder le contrôle. Sa participation était jusque-là de 27 %.

M. Charney a conclu une entente de cinq ans avec la firme d'investissement Standard General, qui lui prêtera l'argent nécessaire afin d'acquérir jusqu'à 10 % des actions en circulation d'American Apparel. Standard General prendra en garantie les actions de M. Charney.

Le conseil d'administration, lui, peine à écarter l'homme d'affaires.

Des experts judiciaires affirment que cette guerre finira vraisemblablement devant les tribunaux, alors que la compagnie de Los Angeles traverse des moments difficiles.

L'entreprise accumule les déficits d'exploitation depuis 2010, et son titre a reculé de 27 % à la bourse depuis le début de l'année.

«Cela va passer de la salle de réunion du conseil d'administration à la salle d'audience», a affirmé Jerry Reisman, du cabinet d'avocats Reisman, Peirez, Reisman & Capobianco, de New York. «Espérons que cela ne fera pas de tort à la compagnie. La compagnie est très fragile.»

Des documents déposés cette semaine devant les autorités réglementaires indiquent que M. Charney détient maintenant 74,6 millions d'actions, soit près de 43 %, en date de vendredi dernier.

M. Charney a aussi réclamé la tenue d'une assemblée des actionnaires de la compagnie le 25 septembre prochain, dans le but d'augmenter à 15 le nombre de membres du conseil d'administration.

Dans des documents officiels, la compagnie a indiqué, lundi, ne pas avoir l'intention de se plier à cette demande «invalide» et «inacceptable», puisqu'il a été suspendu comme président et chef de la direction, et privé de son pouvoir d'agir pour le compte de l'entreprise.

American Apparel, connue pour ses vêtements fabriqués aux États-Unis et ses publicités provocantes, a adopté, samedi, un régime de protection des actionnaires, pour tenter de se prémunir contre toute tentative de prise de contrôle par M. Charney. Surnommé «pilule empoisonnée», ce genre de programme vise à empêcher toute tentative d'acquisition en diluant la valeur de l'investissement d'un acheteur potentiel.

Ce régime peut être activé de deux manières : si une personne ou un groupe acquiert 15 % ou plus des actions d'une compagnie, ou si une personne ou un groupe qui en possède déjà 15 % ou plus achète 1 % de plus.

Ce programme stipule que la «pilule» peut être déclenchée si M. Charney fait une autre tentative d'acheter des actions lui-même ou avec l'aide d'autres personnes une fois l'entente avec Standard General terminée.

Avec 43 % des actions, l'ancien président doit convaincre les actionnaires détenant une participation d'au moins 7 % avant d'exercer son contrôle sur la compagnie, mais American Apparel tente d'empêcher ces transactions.

M. Charney a été congédié de son poste de président du conseil d'administration et suspendu de ses fonctions de président et chef de la direction le 18 juin dernier. Le conseil d'administration a évoqué une «inconduite». Il a aussi fait l'objet de plusieurs poursuites judiciaires pour des comportements sexuels inappropriés à l'égard d'employées, mais il soutient que ces relations sexuelles étaient consensuelles.