Dans deux semaines, les quelque 30 employés de Stonelizard vivront en quelque sorte leur Boxing Day du campeur! Ils accueilleront, tant au quartier général de l'entreprise que dans des écoles et des pop-up stores, des centaines d'élèves d'écoles privées et publiques qui obligent le port d'un uniforme pour des essayages et achats de vêtements.

Chaque année, l'entreprise en mode scolaire de Blainville habille 50 000 élèves de 47 écoles de la Rive-Nord à la Rive-Sud en passant par Laval et Montréal. Combien d'ados auront une mine d'enterrement en entrant dans les cabines d'essayage?

«Les jeunes peuvent dire "yark" sur le coup, admet Tammy Hattem, fondatrice de Stonelizard (et codirigeante avec Patrick Lepage). Mais quelques jours après la rentrée, c'est déjà oublié. L'idée d'avoir un costume ne pèse plus.»

Les parents achèteront en moyenne une douzaine d'articles, soit jupes, polos, chemises, bermudas, pantalons, à leur enfant pour une facture moyenne variant de 250 à 325$. «L'année suivante, la facture peut descendre de 40 à 50%, explique Tammy Hattem. Parce que, souvent, les polos font encore ou sont transférés à un autre enfant de la famille.»

Car la qualité première de l'uniforme scolaire est sa durabilité. «On est dans le slow wear, souligne Tammy Hattem. On essaie de faire rouler les collections de cinq à sept ans pour des raisons financières pour les parents. La recherche et développement va en ce sens. Je pense aux procédés pour rendre les coutures durables, par exemple. Il y a beaucoup de choses à maîtriser dans le costume scolaire.

«À nos débuts, en 2001, on n'avait pas un si bon produit et on n'était pas conscients de toute l'énergie qu'il fallait investir pour servir un à un tous nos clients. On donne aujourd'hui une garantie de 120 jours sur tous les morceaux. Nous avons 15% de retours, pour défauts ou échanges, contre 60% il y a 10 ans.»

Aujourd'hui, Stonelizard (qui a enregistré une hausse de son chiffre d'affaires de 7% en 2012, bien qu'elle oeuvre dans un marché fort concurrentiel occupé par Vêtements Stenis et Groupe Trium, entre autres) peut ajouter jusqu'à sept nouvelles écoles par an à son carnet de clients. Parmi celles-ci: le collège de 1200 élèves Jean de la Mennais, à La Prairie, contrat qui a motivé ses fondateurs à reluquer la Rive-Sud pour y implanter une autre succursale d'ici février 2014.

Entre-temps, Stonelizard aura déménagé ses uniformes et sa production dans un local plus spacieux qui lui appartiendra, toujours à Blainville, mais plus près de l'autoroute 15. L'entreprise aura aussi entamé sa collaboration avec la designer Eve Gravel pour sa collection de l'automne 2014.

«On crée une nouvelle collection par année et on en a de sept à dix qui roulent, explique Tammy Hattem. Chaque fois, on reçoit des jeunes de 12 à 17 ans en groupes de discussion, on les envoie magasiner pour connaître leurs préférences. Eve Gravel participe à ces rencontres. Elle n'est pas dessinatrice pour nous, mais nous voulons son expertise en couture et tissus notamment.»

Nouveauté cet automne: si la collection de pièces plus sportives demeure sous la griffe Stonelizard, celle des vêtements pour la classe portera désormais le nom de Raphaël U. Une première pour l'entreprise née en 1990 et qui a d'abord été spécialisée dans les vêtements vendus dans les magasins de sport. C'était avant qu'une école de Saint-Jérôme communique avec Tammy Hattem pour la conception d'uniformes scolaires. «On a alors vu l'opportunité de relancer la mode scolaire, de concevoir des vêtements stylisés», souligne-t-elle.

Dans les prochaines années, la croissance pourrait passer par le milieu scolaire ontarien. «On constate que les entreprises en Ontario ne sont pas particulièrement spécialisées dans ce type de vêtements, soutient Tammy Hattem. D'ici trois ans, on aimerait habiller 7000 élèves de cette province.»