Les employés de trois dépanneurs Couche-Tard (T.ATD.B) de la région de Montréal ont été avertis lundi que leur établissement allait changer de propriétaire. Il s'agit des dépanneurs de Pierrefonds, Montréal-Nord et Boisbriand.

«On m'a convoqué à une réunion lundi à 18 h à mon dépanneur, relate Marie-France Chalifoux, préposée senior au dépanneur de Montréal-Nord. Guillaume Pinard , des ressources humaines de Couche-Tard, nous a annoncé que le dépanneur allait être vendu à un franchisé prochainement. » La porte-parole de couche-Tard , Denise Deveau, a confirmé à La Presse la vente prochaine de six dépanneurs à des franchisés, dont trois établissements syndiqués. Déjà, les dépanneurs syndiqués de Saint-Liboire et Saint-Hubert ont subi le même sort .

La CSN a demandé à la Commission des relations de travail de statuer qui était le véritable employeur à Saint- Liboire, entre le franchisé et Couche-Tard. Même si la vente d'un établissement syndiqué n'a aucun impact sur l'existence du syndicat, en vertu de l'article 45 du Code du travail, la centrale syndicale reconnaît que ces ventes à répétition la dérangent en multipliant le nombre de patrons. Selon Jean Lacharité, vice-président CSN, il devient difficile dans les circonstances de s'entendre sur des conditions de travail similaires d'un établissement à l'autre.

De son côté, Couche-Tard rétorque que le recours au franchisé n'a rien à voir avec la campagne de syndicalisation de la CSN. « Les conditions économiques des dernières années, mêlées à la concurrence accrue dans le commerce de détail, ont transformé le segment des dépanneurs. Le maintien du nombre actuel de magasins corporatifs au Québec fait donc désormais l'objet d'une analyse annuelle. La franchise représente un moyen de continuer d'offrir à nos clients des points de vente partout », explique Couche-Tard dans un courriel. Le changement est à ce point soudain qu'i l était encore écrit sur le site internet de Couche-Tard, hier en fin de journée, qu'il n'est pas possible d'acheter une franchise, puisque tous les magasins sont « corporatifs ». Couche-Tard a aussi fermé deux dépanneurs syndiqués, le dernier en septembre 2011. La partie syndicale a déposé des plaintes à la Commission des relations de travail à ce sujet. Leur traitement s'étire en longueur en raison des multiples procédures déposées par l'employeur. Résultat : deux ans après le début de la campagne de syndicalisation, et avec neuf dépanneurs accrédités ou en voie de l'être, aucune convention collective n'est en vigueur.