Cora Déjeuners se donne encore quelques années pour consolider le marché canadien. Après quoi, le franchiseur québécois fera son entrée aux États-Unis, principalement en Nouvelle-Angleterre. En fait, l'entreprise qui célèbre ses 25 ans de fondation pourrait facilement ouvrir des restaurants aux quatre coins de la planète demain matin si elle le voulait. Mais son président, Nicolas Tsouflidis, est un adepte du proverbe: tout vient à point à qui sait attendre.

Nicolas Tsouflidis, fils benjamin de la fondatrice Cora Tsouflidou, l'avoue sans ambages: les visiteurs étrangers qui déjeunent chez Cora lors de leur passage au Canada tombent littéralement amoureux du concept. «On a des demandes pour ouvrir des franchises en Australie, en Chine, à Dubaï, en France, bref, partout dans le monde», dit le chef d'entreprise de 40 ans.

Cela est à la fois flatteur et très rassurant pour un franchiseur spécialisé dans les déjeuners et les repas du midi. Mais cela justifie-t-il une expansion rapide à l'extérieur du pays? «La plus grande erreur des franchiseurs est de dire oui trop facilement quand les gens leur font des demandes. Ils oublient toute la complexité (lois du pays, approvisionnement, etc.) entourant l'ouverture d'un restaurant à l'étranger», explique le président en poste depuis quatre ans, et nouveau papa.

Bref, l'entreprise de Sainte-Thérèse préfère intensifier sa présence au Canada avant de s'implanter ailleurs. Il y a de la place pour au moins une trentaine de nouvelles franchises au pays de l'unifolié, croit Nicolas Tsouflidis. Ensuite, ce sera la Nouvelle-Angleterre, car, là aussi, les demandes de franchises sont nombreuses. Surtout dans le Massachusetts.

D'un océan à l'autre

Cora et ses trois entités (Franchises Cora, Casseroles Cora et Cora Group) sont à la tête de 129 restaurants au Canada, dont 126 appartiennent à des franchisés. Les trois succursales résiduelles sont la propriété de Nicolas Tsouflidis et de sa mère, et font office de «restaurants-écoles». Les futurs franchisés vont s'y familiariser avec les façons de faire de l'entreprise.

C'est au Québec qu'on retrouve le plus de Cora Déjeuners (50 établissements), suivi de l'Ontario (38), de l'Alberta (13) et du Nouveau-Brunswick (6). Les autres provinces n'en comptent que quelques-uns. Fait intéressant, il n'y a qu'en Saskatchewan où le soleil jaune de la PME ne brille pas encore. Mais d'ici cet automne, le franchiseur y élira domicile et sera officiellement une entreprise présente coast to coast.

N'eût été la crise du crédit en 2008 et de tout ce qui s'en est suivi, Cora aurait probablement terminé son expansion au Canada. Mais ce n'est malheureusement pas le cas. Qu'à cela ne tienne, l'entreprise peut se targuer d'être en bonne santé financière et, surtout, d'avoir joué de prudence dans son développement, affirme son président. Par exemple, elle se refuse toujours à vendre plus d'une franchise à la même personne afin que le franchisé s'occupe exclusivement de son restaurant. Une franchise «clé en main» de Cora coûte entre 600 000$ et 800 000$.

L'achalandage dans les restaurants Cora de l'Ontario et du Québec a légèrement fléchi ces dernières années, tandis que les établissements dans l'Ouest canadien sont, a contrario, en pleine croissance. Quant aux Maritimes, le marché est stable, affirme Nicolas Tsouflidis qui préfère ne pas dévoiler le chiffre d'affaires de l'entreprise.

Du simple casse-croûte...

Cora Déjeuners a vu le jour en 1987 à Saint-Laurent, où Cora Tsouflidou, une Gaspésienne d'origine qui a conservé le nom de son ex-époux grec, a ouvert avec ses enfants un casse-croûte de 29 places. Après l'ouverture de quelques succursales corporatives, le franchisage a commencé en 1994.

Nicolas s'est joint à l'entreprise à l'âge de 15 ans avec seulement un diplôme d'études secondaires en poche. Le jeune homme a commencé comme plongeur, puis a gravi tous les échelons (cuisinier, gérant, propriétaire d'une succursale, directeur, etc.). Son bref parcours scolaire ne le gêne aucunement. Avec tout le bagage acquis dans l'entreprise familiale, il est devenu un redoutable homme d'affaires. Il lit d'ailleurs tout ce qui s'écrit sur l'économie. Lors de notre passage, un exemplaire du Harvard Business Review trônait sur son bureau.

Président depuis 2008, Nicolas Tsouflidis travaille encore en étroite collaboration avec sa mère. Lorsqu'elle n'assiste pas à l'ouverture d'une nouvelle franchise quelque part au pays, Cora Tsouflidou, 65 ans, s'occupe surtout de relations publiques et de marketing. Elle joue régulièrement les conférencières, notamment dans les cercles d'entrepreneurs et autres dirigeants de PME.

La passation des pouvoirs s'est faite harmonieusement chez Cora. L'une des principales raisons: «Ma mère n'a jamais eu peur de tout nous dire, à ma soeur Gestimani (laquelle ne travaille plus pour Cora; NDLR) et moi. Nous étions au courant des chiffres, des objectifs à atteindre, etc. Plusieurs chefs d'entreprises demandent conseils à ma mère sur la relève. Elle leur dit: «C'est bien beau l'université, mais impliquez votre relève le plus tôt possible dans les décisions courantes; montrez-lui c'est quoi la vraie vie»».

Fondation: 1987

Nombre de restaurants: 129, dont 126 franchisés

Divisions: franchises Cora (franchiseur au Québec), Cora Group (franchiseur ailleurs au Canada) et Casseroles Cora (centre de distribution)

Employés: environ 3000

Chiffre d'affaires: N/D

Actionnaires: Cora Tsouflidou et Nicolas Tsouflidis

Prix d'une franchise: de 600 000$ à 800 000$