La guerre que se livrent Couche-Tard (T.ATD.B) et la Confédération des syndicats nationaux (CSN) gagne en intensité après la fermeture d'un deuxième dépanneur syndiqué, jeudi dernier. La CSN a demandé hier à la Commission des relations du travail (CRT) d'ordonner d'urgence la réouverture du dépanneur de la rue Jean-Talon, fermé jeudi. Elle espère être entendue dans les prochains jours.

«Couche-Tard se comporte comme un voyou corporatif au Québec», a dénoncé Jean Lacharité, vice-président de la CSN, responsable de la syndicalisation. On est devant «une fermeture sauvage, cruelle et violente, parce que c'est violent d'enlever le gagne-pain à des salariés qui ont contribué à enrichir cet homme», a-t-il ajouté en faisant référence à Alain Bouchard, patron de Couche-Tard.

«Il est mieux de ne pas fermer les deux autres Couche-Tard syndiqués à Saint-Liboire et à Saint-Hubert, prévient-il, parce qu'il va retrouver la CSN sur son chemin.»

La CSN entend utiliser tous les recours juridiques à sa disposition et amplifiera ses activités d'organisation syndicale dans les Couche-Tard. Cette campagne a débuté en janvier et 4 dépanneurs sont syndiqués aujourd'hui sur environ 580 établissements au Québec. Couche-Tard en a fermé deux jusqu'à maintenant, rue Jean-Talon et, au printemps, celui de la rue Saint-Denis, angle Beaubien.

L'entreprise a fermé le dépanneur Jean-Talon jeudi dernier vers 17h30. Les 13 personnes qui y travaillaient ont toutes perdu leur emploi. Les négociations pour un premier contrat de travail avaient débuté le 2 juin dernier. Les moyens de pression ont commencé la journée de la fermeture.

Outre la réouverture immédiate du dépanneur de la rue Jean-Talon, la CSN demande à la CRT d'exiger son maintien en exploitation jusqu'à l'expiration de la première convention collective qui sera déterminée par arbitrage, à la demande de la CSN.

Quelles sont les chances de succès d'une pareille requête? Les deux professeurs de relations du travail que nous avons consultés hier, Michel Grant et Alain Barré, ne connaissent aucun précédent en la matière.

Une manifestation ce midi

En cas de fermeture illégale motivée par des motifs antisyndicaux, «la CRT a d'immenses pouvoirs de redressement prévus aux articles 118 et 119 du Code du travail.

Mais ça prendrait probablement un texte de loi plus explicite pour habiliter un tribunal administratif à rendre une décision ordonnant la réouverture d'un établissement», croit Me Alain Barré, professeur de droit du travail à l'Université Laval, qui précise ne pas avoir fait une étude exhaustive de la requête de la CSN.

Une manifestation est prévue aujourd'hui au siège social de Couche-Tard, à Laval.