Après avoir boudé les magasins pendant le temps des Fêtes et les braderies du Boxing Day à cause du temps maussade, les Canadiens ont prudemment repris le chemin des magasins en février, à l'exception notable des concessionnaires de véhicules neufs qu'ils ont désertés pour le troisième mois d'affilée.

La valeur des ventes des détaillants a progressé de 0,4% et leur volume d'autant, de janvier à février a indiqué Statistique Canada.

Le Québec se distingue toutefois de l'ensemble canadien avec une deuxième baisse d'affilée, de 0,8% cette fois-ci. Ces replis avaient été précédés par six hausses d'affilée, comme si les Québécois avaient devancé quelques achats pour échapper à l'augmentation d'un point de la taxe de vente provinciale, le premier janvier. Un point se transforme en plusieurs centaines de dollars à débourser en plus pour l'achat d'une voiture, par exemple.

Il reste que les ménages québécois fréquentent moins les magasins depuis un an. En 12 mois, les ventes au détail ont progressé de 1,8% seulement dans la société distincte, contre 3,7% en moyenne d'un océan à l'autre.

À l'échelle du pays, les ventes des détaillants ralentissent aussi. De décembre à février, elles ont progressé au rythme annuel de 1,3% seulement. Cela reflète que les stations-service accaparent une portion toujours plus grande des dépenses des ménages. En février, leurs ventes ont bondi de 1,3%. Il s'agissait de la septième hausse mensuelle en huit mois. Les prix à la pompe ont continué de grimper depuis.

«La facture d'essence des ménages canadiens a bondi de 57,2% en rythme annualisé au quatrième trimestre et elle est déjà en hausse de 16,6% après deux mois au premier trimestre», fait remarquer Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale.

L'agence fédérale a aussi révisé à la baisse les données de janvier tant en valeur qu'en volume ce qui signifie que le chiffre d'affaires des détaillants a sans doute reculé au premier trimestre, sur une base désaisonnalisée.

Il y avait néanmoins des éléments encourageants dans les chiffres de février. Outre les concessionnaires, seuls les magasins d'équipement électroniques ont vu leurs ventes baisser. Elles pourraient rebondir en mars, car c'est le 25 du mois qu'a été mise en vente la deuxième version de la tablette iPad d'Apple.

Les magasins de meubles, de matériaux de construction et de fournitures de jardin ont fait de bonnes affaires en particulier tout comme les marchands de vêtements et de maroquinerie.

Cela dit, il ne faut pas s'attendre à ce que la consommation soit le moteur de la croissance au cours des prochains mois. «L'endettement élevé des ménages, un contexte de taux d'intérêt bientôt plus élevés et la cherté grandissante du coût de la vie, vont modérer la capacité de dépenser des Canadiens», prédit Francis Fong, économiste chez TD.

Les ventes des détaillants étaient le dernier indicateur permettant de jauger ce qu'aura été la variation du PIB en février.

Les exportations, les ventes des grossistes et les ventes des manufacturiers étaient à la baisse alors que celles des détaillants étaient à la hausse tout comme les mises en chantier.

Au net, l'économie a sans doute fait du surplace en février après un solide début d'année. On en aura le coeur net vendredi.