Les ventes de détail aux États-Unis semblent avoir bien résisté au mauvais temps en février, laissant présager un bon soutien de la consommation à la croissance au premier trimestre.

Selon les chiffres publiés vendredi par le département du Commerce, les ventes des détaillants et de la restauration ont augmenté de 0,3% par rapport à janvier alors que les analystes estimaient qu'elles avaient reculé de 0,2%, selon leur consensus médian.

Plusieurs économistes et responsables de la banque centrale avaient estimé récemment que les tempêtes de neige ayant paralysé des régions entières du Nord-Est du pays, risquaient de peser sur plusieurs indicateurs, notamment ceux relatifs à la consommation.

Encourageants à première vue, les chiffres du ministère sont susceptibles d'être fortement révisés dans les mois à venir: celui-ci a revu en baisse de 0,4 point la progression des ventes de janvier, à 0,1% seulement.

Les chiffres de février n'en restent pas moins assez bons: ils témoignent d'une accélération malgré le mauvais temps et une chute de 2,0% dans le secteur automobile (soumis à de forte variation d'un mois à l'autre)

Les ventes de détail sont très suivies aux États-Unis car elles donnent une idée de la tendance des dépenses de consommation des ménages. Celles-ci sont la locomotive traditionnelle de la croissance américaine, mais peinent à retrouver ce rôle dans la reprise entamée à l'été.

«Les tempêtes de neige n'ont pas fait obstacle aux consommateurs», remarque Nigel Gault, économiste de l'institut IHS Global Insight. Pour lui, les chiffres de février laissent penser que la consommation des ménages pourrait augmenter de 3% en rythme annuel au premier trimestre.

Une telle progression (la plus forte en trois ans) offrirait un soutien bienvenu à la croissance, alors que le risque de rechute de l'activité semble s'éloigner mais que les analystes tablent dans l'ensemble sur une remontée lente du PIB américain après sa chute de 2,4% en 2009 (du jamais vu depuis 1946).

«Nous recommençons à acheter ce qui nous rend heureux, et c'est un signe de ce que la reprise devient plus viable», estime l'économiste indépendant Joel Naroff.

Comme M. Gault, M. Naroff fait remarquer que les chiffres de vendredi contredisent les récents indices témoignant d'une baisse de la confiance des consommateurs, mais il veut croire, alors que «l'économie souffre d'un manque de demande», que les consommateurs commencent à apporter leur relais.

Pour l'instant, les autorités de Washington (gouvernement et banque centrale) estiment que la consommation devrait rester faible en 2010 du fait de la persistance d'un chômage élevé et de la tendance des ménages à se désendetter.

Cependant, les 54 économistes interrogés pour l'enquête mensuelle de conjoncture du Wall Street Journal publiée jeudi commencent à se montrer plus optimistes que le gouvernement, puisqu'ils attendent une croissance économique de 3,0% en 2010, soit 0,3 point de plus que la Maison-Blanche.

Encourageante pour la reprise, la hausse de la consommation inquiète néanmoins certains responsables, qui craignent un retour des Américains à leurs vieilles habitudes d'emprunt, à l'origine des déséquilibres de la croissance d'avant la crise.

Alors que le désendettement des ménages marque des signes de ralentissement, et que les crédits à la consommation sont repartis à la hausse en janvier après une baisse inédite de onze mois consécutifs, William Dudley, un des dirigeants de la banque centrale a estimé jeudi que l'épargne des Américains devait encore augmenter, au détriment de la consommation.