Le Canada doit se tenir debout dans son combat face à l'imposition par les États-Unis de tarifs douaniers, ont affirmé des représentants de l'industrie de l'acier, des fabricants et des syndicats, mardi, alors que le président Donald Trump continue de laisser planer d'autres mesures punitives.

Une série de témoins experts à une rencontre extraordinaire du Comité permanent du commerce international des Communes ont exprimé leur appui aux tarifs de représailles du Canada, qui doivent entrer en vigueur dimanche, pressant Ottawa d'adopter des mesures pour protéger et soutenir les entreprises et les travailleurs touchés par le conflit commercial.

«Nous soutenons les contre-mesures annoncées par le gouvernement fédéral et estimons qu'elles doivent être exhaustives et immédiates», a dit Ken Neumann, directeur national du Bureau national du Syndicat des Métallos.

Et il a écarté l'idée que le Canada devrait éviter de provoquer le président Trump.

«Si vous ne piquez pas l'ours, il reviendra manger votre lunch», a illustré M. Neumann.

M. Neumann croit même que les mesures de représailles du Canada auraient dû entrer en vigueur immédiatement après l'annonce de Washington, le 1er juin.

Joseph Galimberti, de l'Association canadienne des producteurs d'acier (ACPA), a abondé dans son sens, estimant les contre-mesures canadiennes justifiées et appropriées.

Ottawa menace d'imposer des tarifs, d'une valeur de 16,6 milliards, sur une multitude de produits américains à compter du 1er juillet.

Les véritables embûches se trouvent au bout de la route, ont prévenu les intervenants.

La perspective d'une guerre commerciale tous azimuts n'est désormais plus une idée abstraite - il s'agit d'une réalité, a affirmé Jerry Dias, président d'Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé au pays.

«Les attaques commerciales des États-Unis contre le Canada constituent une menace évidente et réelle à notre économie, point à la ligne», a-t-il soutenu.

Il y a aussi la menace du président Trump d'imposer des tarifs de 25 pour cent sur les automobiles fabriquées au Canada, une mesure qu'il a évoquée de nouveau lundi lors d'un discours devant des partisans en Caroline du Nord, en s'en prenant encore au système de gestion de l'offre du Canada pour les produits laitiers.

«Si vous voulez faire ça, nous allons imposer un "petit" tarif sur vos voitures», a dit M. Trump.

Un impact dévastateur

L'impact des tarifs sur l'acier et l'aluminium serait faible en comparaison avec celui qui pourrait survenir dans le secteur automobile, ont prévenu des experts, mardi.

«L'industrie opère avec des marges à un chiffre et il y aurait un gel immédiat avec une augmentation de 25 pour cent des prix. Une voiture à 32 000 $ - il s'agit d'un prix moyen - deviendrait aussitôt impossible à vendre à 40 000 $», a souligné Flavio Volpe, de l'Association des fabricants de pièces automobiles.

Des leaders syndicaux ayant témoigné mardi ont pressé Ottawa de prendre des mesures pour amortir l'impact des tarifs, incluant la mise sur pied d'un comité de réflexion qui élaborerait une stratégie pour l'emploi, avec notamment des prestations d'assurance-emploi élargies et des programmes de partage d'emplois. D'autres ont appelé à des prêts fédéraux et des garanties de prêts pour les petites et moyennes entreprises.

Le Comité permanent du commerce international des Communes accueillait mardi des représentants de l'industrie de l'acier, de la fabrication de pièces automobiles, de l'association des concessionnaires automobiles, des manufacturiers et exportateurs, ainsi que de grandes centrales syndicales nationales.

Tous ces leaders ont clamé d'une même voix que les tarifs douaniers décrétés par Donald Trump pourraient engager le Canada dans une spirale de récession.

Le comité des Communes tenait cette réunion estivale exceptionnelle pour entendre les différents intervenants à la suite de l'imposition par la Maison-Blanche, le 1er juin, de tarifs douaniers sur les importations d'aluminium et d'acier.

Sean Donnelly, président-directeur général du producteur d'acier ArcelorMittal Dofasco, a estimé qu'en cette période sans précédent, le Canada doit adopter des réactions sans précédent.