Le gouvernement Trudeau songe à utiliser les termes de l'accord de libre-échange que le Canada a signé avec l'Union européenne (UE) comme outil pour relancer les pourparlers visant à sauver un autre accord commercial en péril, le Partenariat transpacifique (PTP).

Avant de s'envoler vers Strasbourg, où il doit assister ce midi au vote du Parlement européen ratifiant l'accord entre le Canada et l'UE, le ministre du Commerce international François-Philippe Champagne a indiqué à La Presse hier qu'il envisageait cette option pour convaincre les pays signataires du PTP, à l'exception des États-Unis, d'aller de l'avant avec une entente modifiée.

Alors que l'on croyait que le président Donald Trump avait asséné un coup fatal au PTP en affirmant que les États-Unis ne le ratifieraient pas, des pays comme l'Australie, le Japon, le Chili et le Canada ont multiplié les échanges en coulisses dans l'espoir de sauver les grandes lignes de cet accord, même si les Américains n'en feraient pas partie.

Le PTP a été conclu en octobre 2015 par 12 pays (le Canada, l'Australie, Brunei, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, les États-Unis et le Viêtnam) au terme de plus de quatre ans de négociations. L'accord, qui devait être absolument ratifié par les États-Unis et le Japon, visait à créer la plus grande zone de libre-échange du monde - environ 40 % de l'économie mondiale.

Décrivant l'accord de libre-échange entre le Canada et l'UE comme un modèle à suivre étant donné qu'il s'agit d'un accord « progressiste » qui protège les droits des travailleurs et l'environnement tout en aidant la cause des consommateurs et des entreprises, M. Champagne a affirmé qu'il voit là une possible solution à l'impasse actuelle.

Le ministre assistera donc à la rencontre convoquée par le ministre chilien des Affaires étrangères Heraldo Munoz pour discuter des suites à donner à la filière du PTP dans la foulée de la décision du président Trump. Le Chili a décidé d'inviter aussi deux autres pays qui ne sont pas signataires du PTP, soit la Chine et la Corée du Sud, à la rencontre.

« Notre approche, c'est le commerce progressiste. Dans chaque accord qu'on veut négocier, on veut amener des éléments progressistes. Pour nous, l'accord entre le Canada et l'Union européenne, c'est devenu le modèle à suivre, la norme. » - François-Philippe Champagne, ministre du Commerce international

« L'objectif, c'est de rassembler les pays qui font partie du PTP. Je pense qu'on le doit aux consommateurs, aux travailleurs, aux entreprises canadiennes d'avoir un rôle de leadership. On est en train d'établir des contacts avec nos partenaires chiliens pour voir comment on peut, le Canada, utiliser notre position et jouer un rôle pour rassembler tout le monde », a-t-il ajouté.

La Chambre des communes a d'ailleurs adopté en troisième lecture, par un vote de 257 à 47, le projet de loi visant à mettre en oeuvre l'accord de libre-échange entre le Canada et l'UE. Le projet de loi sera maintenant étudié par le Sénat.

En entrevue, M. Champagne a souligné que l'entrée en vigueur de l'accord aura des retombées importantes pour les entreprises et les consommateurs. Il prévoit d'ailleurs faire une tournée du pays pour expliquer les bienfaits de l'entente.

« Grâce à l'accord Canada-EU, nous avons la licence sociale de faire du commerce international parce qu'on arrive à donner des bénéfices aux citoyens et aux citoyennes. C'est là l'intérêt du commerce international. C'est vraiment un moment historique quand on pense que l'Europe, c'est un marché de 500 millions de consommateurs, c'est le deuxième partenaire commercial si on met cela au Québec. C'est un marché énorme.

« Je pense que nos amis des pays du PTP vont prendre note de ce qui se passe entre l'Europe et le Canada. Le Canada joue un rôle de leadership dans le monde à bien des égards. Avec la ratification de l'accord avec l'Europe, les gens vont le voir, ce qu'on peut apporter de progressiste à la table. Les gens voient le Canada comme un partenaire de choix et fiable dans le monde. Je pense que cela nous place dans une position unique. C'est un bon accord au bon moment », a-t-il ajouté.