Même s'il était indispensable de resserrer la réglementation dans la foulée de la crise financière de 2008-09, les réformes doivent être assez amples pour permettre aux forces «naturelles» du marché d'exprimer leur créativité, a estimé jeudi le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz.

«Le retour à une croissance économique durable à l'échelle mondiale exige la poursuite de l'innovation dans le domaine financier», a affirmé M. Poloz dans le texte d'un discours qu'il a prononcé devant l'Economics Club of New York.

«La réglementation doit permettre à ces forces naturelles de s'exercer, mais en toute sécurité.»

Le discours de M. Poloz a exploré différents secteurs où les «forces de la concurrence» pourraient émerger en vertu des nouvelles règles: le financement de marché, le crédit privé et le capital-investissement, et le financement public.

La mise en place de nouvelles règles financières a été coûteuse, mais essentielle pour rebâtir le lien de confiance avec le public. En outre, ces coûts sont faibles en comparaison avec les conséquences de la crise financière.

M. Poloz a rappelé comment la crise financière a éliminé plus de 60 millions d'emplois à travers le monde et, à la fin de l'an dernier, avait entraîné des pertes cumulatives de production mondiale d'environ 10 000 milliards $ US, soit près de 15 % du produit intérieur brut mondial.

Le «noyau dur» du système financier est bien plus sûr aujourd'hui, a estimé le gouverneur, même si certaines questions doivent toujours être réglées. Selon M. Poloz, la résilience du système financier canadien explique en partie le fait que le pays ait connu un cycle moins difficile que la plupart des autres pays.

«Toutefois, notre secteur des exportations, le pilier de notre économie, a subi d'importantes pertes», a affirmé M. Poloz.

Le Canada voit déjà des signes d'amélioration pour les exportations, les investissements des entreprises et la création d'emploi, a soutenu M. Poloz, tout en notant qu'il faudrait encore quelques années avant que l'économie n'affiche une croissance soutenue avec une inflation conforme à sa cible.

«C'est ce retour à la croissance naturelle que nous souhaitons tous», a poursuivi M. Poloz.

«Il nous faut donc adhérer à notre nouvelle architecture de réglementation et poursuivre notre travail.»