Les deux prochains jours seront décisifs pour le régime de retraite du Canada (RRC), alors que les ministres des Finances des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent conclure cette discussion, qui dure depuis des années, pour bonifier ou non ce régime et ainsi assurer aux personnes âgées un revenu adéquat pour le reste de leurs jours.

Le sujet sera à l'ordre du jour lundi, au cours de la dernière journée d'une rencontre qui commence dimanche à Ottawa, mais ce sujet explosif risque de prendre de la place dès l'ouverture.

Partisans et opposants d'une telle mesure se disputent à coups de résultats de sondages interposés.

L'Ontario et l'Île-du-Prince-Édouard, le plus grand défenseur de l'enrichissement du programme, menacent de faire cavaliers seuls si le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, se place dans l'autre camp.

Plusieurs croient que le ministre ontarien Charles Sousa bluffe, mais il a réitéré sa position en entrevue avec La Presse Canadienne.

«Nous avons une masse critique en Ontario, il y a des gens intéressés à proposer des opportunités locales pour compenser pour le régime de retraite du Canada donc, si ça n'avance pas, je vais sérieusement les considérer», a-t-il fait valoir.

La plupart des propositions suggèrent en résumé de doubler la cotisation annuelle maximale du régime, présentement de 12 150 $, ce qui signifierait aussi de doubler les primes divisées à parts égales entre les travailleurs et les employeurs.

Dan Kelly, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, soutient que toute augmentation de prime au-delà de l'actuel 9,9 % des revenus donnant droit à une pension tuerait l'emploi, pour la simple raison que s'il en coûte davantage pour une firme d'embaucher des travailleurs, certaines choisiront de ne pas le faire. Certains gouvernements se sont d'ailleurs emparés de cet argument.

Selon M. Kelly, l'Ontario, le Manitoba, Terre-Neuve-et-Labrador et l'Île-du-Prince-Édouard sont en faveur de la bonification.

La Colombie-Britannique, l'Alberta, la Saskatchewan et la Nouvelle-Écosse sont «tièdes», et le Nouveau-Brunswick ne s'est pas positionné. Le Québec, qui a un vote même si la province a son propre régime de retraite, a semblé dire qu'il se joindrait au camp des partisans, ne serait-ce que pour garder les primes du reste du Canada équivalentes aux siennes.

Ottawa semble plutôt défavorable, ses réponses oscillant entre «pas maintenant» et «les cotisations au RRC découragent l'emploi».

Pour être approuvée, une bonification aurait besoin de l'appui de sept provinces, représentant les deux tiers de la population. Il manquerait vraisemblablement deux votes.

Malgré cela, M. Kelly est inquiet de l'issue des discussions lundi.

«Ce qui nous préoccupe, c'est que les autres provinces ne disent pas: 'Non, jamais'; ils disent: «non, ce n'est pas le bon moment'. Mais la vision des petites entreprises, c'est que ce ne sera jamais une bonne mesure.»