Une étude demandée par le ministère fédéral de l'Industrie conclut encore une fois à la faiblesse généralisée des investissements des entreprises canadiennes en recherche et développement. Il y a bien quelques secteurs forts, indique le Conseil des académies canadiennes dans son rapport, mais ils ne sont pas à l'abri d'un revirement rapide, comme le démontre ces jours-ci BlackBerry.

Faiblesse généralisée

Le secteur privé canadien investit peu en recherche et développement (R&D) en comparaison des autres pays industrialisés, particulièrement en tenant compte de la taille de l'économie du pays.

Ainsi, les investissements privés en R&D classent le Canada au 11e rang mondial au chapitre des dollars absolus, mais en 16e position en tenant compte de la proportion du produit intérieur brut.

Des secteurs de pointe

Quatre secteurs déjà bien connus sont identifiés comme des forces canadiennes: l'aéronautique, les technologies de l'information et des communications (TIC), l'industrie pharmaceutique et le secteur pétrolier.

Coïncidence ou non, ces quatre secteurs sont justement ceux où sont le mieux alignées la recherche universitaire, la recherche industrielle et les forces économiques du Canada. «Un des points très importants du rapport, c'est que ces succès peuvent être fragiles», note cependant Claude Lajeunesse, ex-PDG de l'Association des industries aérospatiales du Canada et l'un des panélistes à l'origine du rapport.

«Il est très clair que si la recherche industrielle diminue de façon inopportune demain, ces secteurs ne sont plus là. BlackBerry et Nortel sont des exemples où la situation a évolué rapidement.»

Aligner universités et entreprises

«La recherche qui se fait dans les universités, souvent, ne conduit pas à de la recherche et du développement industriel ou ne conduit pas par la suite à une innovation», indique M. Lajeunesse.

Selon lui, le lien entre recherche universitaire et recherche industrielle «est extrêmement complexe et n'est pas compris».

Le fait que les quatre secteurs économiques identifiés comme étant ceux où la recherche et le développement sont le plus forts au Canada soient aussi ceux où les intérêts universitaires, industriels et économiques sont le mieux alignés tend à démontrer l'importance de cette synchronisation.

Le secteur manufacturier accusé

On a longtemps montré du doigt la forte représentation du secteur des ressources dans l'économie canadienne pour la mauvaise performance d'ensemble, compte tenu du faible niveau de R&D propre à cette industrie. Il n'en serait rien.

Le rapport du Conseil des académies canadiennes souligne plutôt le rôle du secteur manufacturier, à la fois pour la baisse relative des investissements dans ce secteur et pour la place de moins en moins importante qu'il occupe dans l'économie canadienne.

Le fait que certains grands manufacturiers soient de propriété étrangère, notamment les constructeurs automobiles, joue aussi un petit rôle, estime-t-on.

Concentrations régionales

Le Conseil voit des avantages indéniables à la concentration d'entreprises du même secteur dans des zones géographiques restreintes, mais note que cette concentration est généralement moins élevée au Canada qu'ailleurs dans le monde.

Les quatre secteurs identifiés comme des forces canadiennes font néanmoins l'objet d'une certaine concentration. Les trois quarts de la recherche aéronautique s'effectuent au Québec, et une proportion similaire de la R&D dans les TIC provient de l'Ontario. Les provinces maritimes et de l'Ouest dominent la recherche pétrolière, tandis que les efforts pharmaceutiques sont centrés sur le Québec et l'Ontario.