Le dollar australien est en train de céder la place au huard dans la faveur des cambistes, parmi les devises dites de produits de base, au moment où la sûreté du système bancaire canadien et les liens avec l'économie américaine incitent les investisseurs à acheter le dollar canadien.

Les transactions sur options démontrent que la demande pour vendre le dollar australien et acheter le huard a atteint le mois dernier un sommet en près d'un an. Un indice portant sur les prévisions des négociants quant aux fluctuations des prix indique que le huard est le pari le plus sûr comparativement au dollar australien depuis juillet dernier, tandis que la reprise mondiale montre des signes d'hésitation.

Au début de 2010, le dollar australien et celui du Canada se sont approchés de la parité avec le dollar américain, alors que la reprise de la croissance économique aux États-Unis a stimulé la demande des exportations canadiennes d'énergie, et que l'essor en Chine a soutenu le secteur du minerai de fer et du charbon en Australie. Mais le dollar australien a perdu de son élan étant donné que la Chine, premier partenaire commercial de l'Australie, a restreint le crédit pour refroidir son économie. Pendant ce temps, le prix du pétrole brut, plus importante exportation du Canada, a bondi à 80$US le baril.

«Le dollar canadien inspire un très fort sentiment positif en ce moment», constate Camilla Sutton, directrice de la stratégie en matière de devises à la Banque Scotia, à Toronto. La stratège s'est classée au deuxième rang parmi les prévisionnistes les plus précis en matière de devises au cours de l'année et demie terminée en juin dernier, selon des données compilées par Bloomberg. «Le dollar australien a déjà profité du contexte», ajoute-t-elle.

Le Aussie a bondi aussi

En effet, en 2009, le dollar australien a offert la meilleure performance par rapport à la devise américaine parmi les devises les plus échangées. Le Aussie (dollar australien) a bondi de 28%, le pays ayant évité la récession mondiale. La banque centrale australienne a été la première parmi le Groupe des 20 nations à majorer les coûts d'emprunt.

Aujourd'hui, il se peut que le dollar australien en arrache parce que le rythme des hausses des taux d'intérêt ralentit et parce que les importations de minerai de fer et de cuivre par la Chine s'avèrent inférieures aux niveaux records de l'an dernier. Si le premier ministre chinois, Wen Jiabao, a fixé une cible de 8% pour la croissance économique en 2008, le même objectif établi par le gouvernement et dépassé à chacune des cinq dernières années, Su Ning, sous-gouverneur de la Banque populaire de Chine, se dit pour sa part préoccupé par les hausses des prix des produits de base.

Rechute

Jeudi dernier, le dollar australien a baissé à 92,56 centsCAN après s'être apprécié de 10,5% l'an dernier, plus importante hausse annuelle depuis 1994.

Le Aussie baissera à 91,35 centsCAN d'ici septembre prochain, prévoit Richard Grace, stratège en chef de la division des devises de Commonwealth Bank of Australia, à Sydney. M. Grace a fait partie des cinq prévisionnistes les plus précis en ce qui concerne le dollar australien et le huard l'an dernier.

Hier, le dollar canadien a repris du terrain par rapport au billet vert américain, gagnant 12 centièmes, à 97,43 cents US.