Au troisième jour de sa visite en Chine, le premier ministre Harper a parlé d'économie, vantant aux gens d'affaires chinois l'environnement accueillant qu'est le Canada pour les investisseurs. Mais la politique n'est jamais loin, et il a abordé publiquement le thème des droits de la personne, alors que le premier ministre chinois s'est fait encore plus mordant envers son homologue canadien dans une entrevue à la télévision.

Après la politique, l'économie. Au troisième jour du voyage de Stephen Harper en Chine, le premier ministre canadien a tenté de convaincre le milieu des affaires chinois qu'il y a beaucoup d'occasions d'affaires à saisir de l'autre côté du Pacifique.

Dans une allocution prononcée dans le cadre d'une rencontre organisée par la Chambre de commerce de Shanghai et le Conseil commercial Canada-Chine, le premier ministre Harper a vanté le taux d'imposition compétitif et le faible ratio dette-PIB du pays.

Le Canada est «l'un des environnements, pour les investissements, les plus accueillants du monde», tout en jouissant des «ressources requises pour répondre aux besoins toujours grandissants de la Chine», a dit Stephen Harper.

Et c'est particulièrement en matière d'énergie que les Canadiens peuvent être utiles aux Chinois, a-t-il estimé. «Pour poursuivre sa croissance, la Chine aura besoin de sources d'énergie stables», a lancé M. Harper, qualifiant du même souffle le Canada de «superpuissance énergétique émergente».

Ne manquant pas de noter que la Chine est maintenant le plus important émetteur de dioxyde de carbone de la planète, le premier ministre a soutenu que le savoir-faire canadien en matière de technologies vertes pourrait aider le géant asiatique dans sa lutte contre les changements climatiques.

Dans son discours à saveur économique, Stephen Harper a servi une mise en garde à la Chine contre les tentations du protectionnisme, «la pire menace, selon lui, pour la reprise à long terme du Canada, de la Chine et du monde entier».

S'il s'est réjoui de la fin de l'embargo sur le porc canadien, le premier ministre a qualifié de «mesures protectionnistes irréfléchies» les restrictions sur l'importation de canola, un des derniers litiges commerciaux restants entre les deux pays.

Devant près de 500 personnes, dont des représentants d'entreprises canadiennes installées en Chine, comme SNC-Lavalin et Bombardier, le premier ministre a aussi annoncé l'ouverture de quatre nouveaux bureaux commerciaux en Chine, pour promouvoir encore davantage les échanges économiques.

Le commerce entre les deux pays se chiffrait en 2008 à 53,1 milliards, mais le Canada importe de la Chine quatre fois plus qu'il n'exporte dans l'empire du Milieu.

Droits de la personne

Même s'il s'adressait à la communauté d'affaires, le premier ministre en a aussi profité pour mentionner au passage les droits de la personne, pour la première fois publiquement depuis son arrivée.

«Nous allons continuer de soulever les questions de la liberté et des droits de la personne et nous allons militer et servir de partenaire efficace en ce sens, tout en maintenant les relations économiques mutuellement bénéfiques souhaitées par nos deux pays», a dit M. Harper.

Plus tôt dans la journée, le premier ministre a pris le pouls de la démesure chinoise en se rendant à la Cité interdite, un immense complexe de 980 bâtiments emmurés au coeur de la capitale, et qui servait de palais impérial à la dynastie des Ming, à partir du XVe siècle. Après un saut à l'École internationale canadienne de Pékin pour faire la promotion des Jeux olympiques de Vancouver 2010 et une rencontre avec le président du Congrès national du peuple, Wu Bangguo, M. Harper a pris l'avion en direction de la bourdonnante métropole économique du pays.

Aujourd'hui, le premier ministre visitera le pavillon du Canada à l'Exposition universelle de Shanghai de 2010 et rencontrera le secrétaire général du Parti communiste pour la métropole chinoise.

Hu, Wen, Wu et... Yu

Après avoir rencontré le président chinois Hu Jintao, le premier ministre Wen et le président du Congrès national du peuple, Wu Bangguo, Stephen Harper s'entretiendra aujourd'hui avec Yu Zhengsheng, le secrétaire pour Shanghai du Parti communiste chinois (PCC), à ne pas confondre avec le Parti conservateur du Canada, même si les initiales sont les mêmes. Pur produit du régime communiste, M. Yu s'est joint au parti unique en 1964, avant d'étudier le génie des missiles à l'Institut militaire d'Harbin. Son ascension dans le Parti communiste a toutefois été freinée par la défection de son frère, parti vivre aux États-Unis en 1985, mais il s'est sauvé de la disgrâce absolue grâce à ses liens avec le fils de Deng Xiaoping, ancien secrétaire général du PCC. M. Yu est maintenant le plus haut responsable du Parti dans la métropole.