À peine passé devant son grand rival japonais Toyota en termes de ventes, le mastodonte automobile allemand Volkswagen montre des signes de faiblesse, en particulier sur son premier marché, la Chine.

Face à un «environnement de marché toujours difficile», il a revu mercredi à la baisse ses ambitions en termes de livraisons de véhicules pour l'année 2015, finalement attendues stables sur un an. Le colosse aux douze marques, parmi lesquelles Audi, Porsche et Seat, tablait jusqu'ici sur une hausse modérée par rapport à 2014.

L'an dernier, le groupe de Wolfsburg (nord) a écoulé 10,1 millions de véhicules, un record personnel. Entre janvier et juin cette année les ventes ont atteint 5,04 millions, permettant à l'allemand de damer le pion à Toyota, avec une petite avance de quelque 20 000 véhicules.

Mais rien ne garantit que Volkswagen garde longtemps son titre tout frais de champion mondial.

Selon Frank Schwope, de la banque Nord/LB, le groupe allemand pourrait même voir ses ventes globales légèrement reculer en 2015. «Volkswagen et Toyota vont continuer dans leur course au titre de plus grand constructeur automobile, alors que tous deux devraient vendre environ 10 millions de véhicules dans l'année», dit-il.

Pour justifier les prévisions plus prudentes, le patron de Volkswagen Martin Winterkorn a évoqué mercredi les «incertitudes sur les marchés chinois, brésilien et russe».

La Chine pèse

De fait, ces pays n'ont pas réussi au groupe au premier semestre, avec un plongeon de 41% en Russie et de 30% au Brésil.

Mais c'est surtout la baisse de régime en Chine, de loin son plus grand marché, qui alimente les inquiétudes. Entre janvier et juin, Volkswagen y a enregistré un repli de 3,9% sur un an, le premier depuis dix ans. Sa marque historique Volksagen a même chuté de 6,7%.

Résultat, malgré le rebond en Europe et la vigueur du marché nord-américain, les ventes totales du groupe pour la première moitié de l'année, même si elles ont dépassé Toyota, ont fléchi, de 0,5%.

«La faiblesse des ventes sur le marché chinois semble se consolider», observe M. Schwope.

La Chine, plus grand consommateur de véhicules au monde, est devenue incontournable pour la plupart des constructeurs. Volkswagen, implanté de longue date, y livre 34% de ses véhicules. Toute inflexion des ventes a donc des répercussions énormes.

«Le ralentissement de la croissance chinoise, allié à une arrivée à saturation du marché automobile dans les mégapoles du pays», expliquent le coup de mou des achats de véhicules en Chine, estime le spécialiste du secteur Ferdinand Dudenhöffer, interrogé par l'AFP.

Ce dernier pronostique une croissance du marché automobile chinois de 3,4% en 2015 et 2016, après +12,7% en 2014.

Après des années de croissance à deux chiffres, les grands noms du premium, comme Audi, filiale de Volkswagen, ressentent désormais des vents contraires en Chine. La marque aux anneaux a décroché de 5,8% au mois de juin.

Pas assez flexible

Mais à ce constat s'ajoutent des erreurs sur ce marché de la part de Volkswagen, qui n'a pas su proposer assez de 4X4 urbains et tarde toujours à offrir une voiture à bas coûts, dénonce l'expert. «Le groupe Volkswagen n'est pas assez flexible, il est très lent en comparaison de son concurrent américain General Motors», juge M. Dudenhöffer, qui n'attend pas d'amélioration à court terme.

Le mastodonte aurait pourtant une carte à jouer car la Chine offre toujours un «potentiel énorme», souligne M. Dudenhöffer. Selon une étude de son institut de recherche, le pays comptait en moyenne 67 voitures pour 1000 habitants en Chine en 2014, avec une grosse différence entre les grandes villes côtières et l'intérieur des terres. C'est très peu en comparaison des 550 voitures pour 1000 habitants dénombrés en Allemagne et des 780 voitures pour 1000 habitants aux États-Unis.

Les revenus étant inférieurs dans l'intérieur du pays, les marques généralistes comme Volkswagen et GM ont plus de chances que le haut de gamme de profiter du potentiel restant, à condition d'avoir l'offre adaptée.