Confrontés à la chute de la valeur de leurs voitures Toyota, à la réputation ternie par des rappels à répétition, des consommateurs américains demandent des milliards de dollars de dédommagement au constructeur automobile.

Plusieurs recours collectifs ont été lancés ces dernières semaines, pour réclamer des dommages et intérêts.

«Cela va être la plus grande action en nom collectif contre un constructeur automobile de l'Histoire», prédit déjà l'avocat Tim Howard, qui espère pouvoir associer les propriétaires de 8 à 10 millions de Toyota à la plainte qu'il chapeaute.

 

La somme globale des dommages pourrait largement dépasser le coût des poursuites intentées par les victimes d'accidents, où cela se chiffre le plus souvent au-dessous d'un million de dollars.

En théorie, les propriétaires pourraient recevoir de 500$ à 1000$ chacun.

M. Howard a expliqué à l'AFP qu'il espérait pouvoir tripler cette somme en prouvant que Toyota avait délibérément caché des défauts de fabrication qu'il connaissait.

«Toyota a sacrifié des vies innocentes qui lui avaient été confiées, au nom du profit et de l'arrogance», a écrit M. Howard dans une plainte déposée mercredi dans un tribunal de Floride.

Dans cette plainte, Toyota est accusé d'avoir dissimulé les informations dont il disposait depuis 2002 sur des accélérations soudaines et involontaires et menti aux consommateurs, afin de «minimiser l'impact sur les ventes futures et sur ses bénéfices».

M. Howard, qui a déjà l'expérience de recours collectifs contre des producteurs de tabac ou de boissons sans alcool, estime qu'au total, les dommages et intérêts accordés à la suite de ces poursuites pourraient dépasser les 30 milliards de dollars.

Toyota a refusé à plusieurs reprises de commenter cette plainte. Le constructeur assure que des tests rigoureux n'ont révélé aucun problème dans les contrôles électriques, et que les réparations mécaniques réalisées sur quelque 6 millions de voitures rappelées aux États-Unis sont suffisantes.

Pour Tom Baker, un professeur de droit de l'Université de Pennsylvanie qui ne travaille pas sur ce contentieux, les dommages seront «faciles à prouver», vu la chute de la valeur de revente des voitures.

«Il y a une chose qui pourrait beaucoup réduire les dommages, c'est si Toyota trouve le problème et arrive à isoler certains modèles et années en particulier, ce qui réduirait de beaucoup le nombre de véhicules concernés», dit-il.

Pour Catherine Sharkey, professeur de droit à New York University, M. Howard pourrait aussi avoir du mal à fédérer l'ensemble des plaintes au niveau national - 88 plaintes en nom collectif ont été déjà été déposées, selon M. Howard, et une audience sur leur consolidation est prévue le 25 mars à San Diego.

Mais quoi qu'il arrive, le coût le plus durable pour Toyota sera la dégradation de son image de marque aux yeux du public.

«La tache sur la réputation de Toyota, et son impact sur ses ventes futures lui donnent une énorme motivation pour essayer de résoudre ce problème aussi vite que possible, bien plus que toutes les poursuites en justice», souligne Mme Sharkey.

En février les ventes de Toyota ont chuté de 8,7% aux États-Unis, mais elles semblent se reprendre ce mois-ci grâce aux ristournes consenties aux acheteurs, comme des crédits à taux zéro.

«Il y a tout un tas de consommateurs qui semblent leur accorder le bénéfice du doute, parce que les voitures sont en promotion», a expliqué l'analyste Jeremy Anwyl, président du site spécialisé Edmunds.com.

M. Anwyl concède cependant que la réputation de Toyota pourrait ne pas résister à plusieurs mois ou années de titres négatifs: «Est-on sûr que dans un an on ne parlera plus de ça»?

 

52

Nombre de morts liées aux problèmes d'accélérateur de certains modèles Toyota, selon le ministère américain du Transport.

9 millions

Nombre approximatif de véhicules rappelés par Toyota dans le monde à ce jour.

+25%

Augmentation des ventes de Toyota au Canada en février par rapport à l'année précédente.