Des milliers de pertes d'emplois, de l'aide gouvernementale totalisant des milliards de dollars, deux géants demandant la protection de la Loi sur les faillites: nul doute que 2009 a été l'année la plus rocambolesque vécue par le secteur nord-américain de l'automobile.

L'année venait tout juste de commencer que déjà, plusieurs se demandaient si General Motors et Chrysler résisteraient à la récession. Douze mois plus tard, malgré les pertes d'emplois et les fermetures d'usines, le pouls de l'industrie retentit, faiblement certes mais réellement, grâce aux prêts consentis par les gouvernements canadien, ontarien et américain, et aux concessions des ouvriers des deux côtés de la frontière.

Cette longue et difficile lutte de l'industrie automobile est l'événement de l'année en économie selon La Presse Canadienne, à la suite d'un vote mené auprès des directeurs de l'information des journaux et stations de radio et télévision.

La restructuration du secteur automobile a récolté 46 des 122 votes. Elle n'a devancé que d'un seul vote la récession. La querelle entre les câblodistributeurs et les diffuseurs au sujet des redevances d'abonnement a obtenu huit votes, deux de plus que la reprise du marché boursier.

Cette restructuration du secteur automobile a entraîné une diminution importante des exportations vers les États-unis, intensifiant du même coup les effets de la crise économique et contribuant à augmenter le chômage dans plusieurs villes industrielles du sud de l'Ontario.

Même si le secteur a pris du mieux vers la fin de l'année, les spécialistes croient que les ventes et la production n'atteindront jamais les sommets atteints au début de la décennie.

Alors que les fabricants japonais comme Honda et Toyota poursuivent leur essor sur le marché nord-américain, les trois soi-disant «géants de Détroit» -GM, Ford et Chrysler- font face à un avenir incertain et prévoient de nouvelles restructurations au cours de l'année. Ils doivent entre autres commencer à rembourser les prêts gouvernementaux. Cela signifie une réduction permanente du nombre d'emplois manufacturiers en Ontario. La main-d'oeuvre a diminué de 37% depuis 2000.

Toutefois, les usines canadiennes restantes peuvent espérer un avenir plus radieux puisqu'elles construisent des véhicules plus populaires, en partie grâce à l'intervention des gouvernements canadien et ontarien, ainsi que du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile. Les Études économiques Scotia ont prédit que la production canadienne augmentera de 89% au début de 2010 par rapport à il y a un an. Cette année en sera une de convalescence pour le secteur canadien de l'automobile.

Mais la reprise sera longue et même douloureuse. Il est invraisemblable que ce secteur revive les folles années 1990.