Le constructeur automobile américain General Motors a annoncé lundi que la bataille pour la reprise de sa filiale allemande Opel était encore ouverte, avec le dépôt de deux offres en plus de celle de l'équipementier canadien Magna et de son partenaire russe.

«GM confirme qu'il a reçu trois offres finales pour une participation dans Opel/Vauxhall», selon un bref communiqué. Elles émanent de Magna, du constructeur automobile chinois BAIC et de la holding financière basée à Bruxelles, RHJ International.

GM avait fixé à ce lundi un nouvel ultimatum pour le dépôt d'offres sur Opel et sa consoeur britannique Vauxhall.

Elles vont désormais être «analysées et comparées par GM», selon le communiqué du groupe américain. Elles vont aussi être transmises aux gouvernements concernés, notamment celui de Berlin, à la Commission européenne et à la société fiduciaire qui gère actuellement Opel, poursuit GM.

Fin mai, le dossier Opel --brûlant en Allemagne, alors que des élections législatives s'y déroulent le 27 septembre et que 25 000 emplois directs sont concernés-- semblait pourtant clos.

Après plusieurs semaines de discussions, GM et Magna, adossé à la banque russe Sberbank, avaient annoncé la signature d'une lettre d'intention sur la reprise d'Opel, sous la houlette de Berlin, qui apportait une aide financière massive.

À l'époque, l'offre de RHJI avait été rapidement écartée et celle de BAIC était arrivée hors délais. Magna et le constructeur automobile italien Fiat étaient restés les derniers en lice.

Mais GM et Magna-Sberbank se sont révélés incapables de boucler un accord au 15 juillet, comme leurs dirigeants s'y étaient engagés. Les discussions achoppaient notamment sur la commercialisation de la marque Chevrolet en Russie.

Surtout, GM a tout fait pour éviter un tête-à-tête avec Magna et obtenir de meilleures conditions en mettant en concurrence plusieurs offres. Sa position est aussi plus favorable qu'en mai, maintenant qu'il est sorti de la procédure américaine de dépôt de bilan.

L'équipementier canadien a d'ailleurs indiqué lundi qu'il avait revu sa proposition pour rééquilibrer sa participation financière vis-à-vis de celle de son partenaire russe: l'équipementier et la banque Sberbank prendraient ainsi tous deux 27,5% de la nouvelle Opel, contre respectivement 20% et 35% avec la première offre.

Le consortium serait prêt à investir entre 500 et 700 millions d'euros (entre 800 millions et 1,120 milliard de dollars canadiens), mais demande 4,5 milliards d'euros (7,2 milliards) de garanties publiques.

De son côté, RHJ demande 700 millions d'euros (1,12 milliard) de moins à l'État et veut acquérir 50,1% d'Opel/Vauxhall pour 275 millions d'euros (440 millions), selon un document cité par Dow Jones Newswires.

Quant au chinois BAIC, il proposerait 660 millions d'euros (1,06 milliard) et demanderait 2,6 milliards d'euros (4,16 milliards) de garanties publiques.

Du point de vue social, les offres sont assez similaires: RHJ et Magna supprimeraient 10 000 emplois environ, soit un cinquième des effectifs européens. Opel/Vauxhall compte des usines en Allemagne, en Belgique, en Espagne ou encore en Grande-Bretagne.

GM devra compter avec l'avis des pouvoirs publics avant de prendre une décision, toute offre reposant sur l'octroi d'aides. De plus, Opel est actuellement géré par une société fiduciaire, au conseil de laquelle le gouvernement allemand a envoyé deux représentants.

Berlin semble garder une préférence pour Magna. La semaine dernière, la chancelière Angela Merkel avait estimé que l'équipementier offrait «une chance à Opel», ajoutant toutefois qu'il restait «beaucoup de choses à éclaircir».