Le sort du constructeur automobile Chrysler était toujours en suspens devant le tribunal des faillites de New York, où la poursuite des auditions de témoins n'a pas permis un prononcé du verdict mercredi en soirée, comme espéré initialement.

Cette audience très attendue a démarré vers 10h, devant un parterre comble, et s'est achevée dix heures plus tard, le juge des faillites Arthur Gonzalez renvoyant à jeudi la poursuite des auditions.

Ce dernier a indiqué qu'une audience reprendrait à 10h. Parmi les derniers témoins restant à entendre figure le patron de Chrysler, Robert Nardelli.

La poursuite des débats et les plaidoiries pourraient se prolonger jusqu'à vendredi, «si nous n'avons pas fini jeudi», a indiqué le juge Gonzalez, chargé de trancher in fine sur le plan de restructuration de Chrysler piloté par Washington.

En cas d'aval de la Justice, Chrysler, qui a déposé son bilan le 30 avril, pourrait sortir de la faillite avant même la fin des 60 jours prévus par la procédure accélérée de redressement judiciaire. À condition toutefois qu'aucune partie-prenante ne fasse appel.

Selon le plan de restructuration, un «nouveau» Chrysler doit être formé à partir des actifs sains de l'actuel constructeur. Les autres actifs seront maintenus dans «l'ancien Chrysler» et seront liquidés sous contrôle judiciaire, ce qui pourrait prendre des années.

Ce Chrysler sain, délesté de l'essentiel de sa dette, serait entre les mains d'un consortium détenu à 20% par Fiat dans un premier temps (35% à terme), tandis qu'un fonds social à gestion syndicale détiendra 55% du capital, et les gouvernements américain et canadien conjointement 10%.

Le juge Gonzalez a entendu mercredi les remarques des parties s'estimant lésées dans le plan de restructuration: les concessionnaires que Chrysler va fermer et les créanciers opposés aux modalités de la restructuration de la dette.

Un avocat de Chrysler a rappelé que le temps pressait, Fiat pouvant décider de se retirer si aucun accord n'était bouclé au 15 juin.

Appelé à la barre des témoins, Alfredo Altavilla, patron de la division des technologies de transmission chez Fiat, a défendu l'intérêt stratégique d'une alliance avec Chrysler et «la complémentarité» des deux groupes en termes de produits, plates-formes et implantation géographique.

Il a aussi indiqué que le patron de Fiat, Sergio Marchionne, dirigerait le futur Chrysler. M. Altavilla ainsi qu'un autre responsable de Fiat devraient siéger au conseil d'administration.

Autre témoin phare, l'ex vice-président de Chrysler Tom LaSorda, est passé sur le grill pendant près de deux heures, arguant que Fiat était le meilleur partenaire possible pour Chrysler.

Robert Manzo, spécialiste en restructuration du cabinet Capstone, conseillant Chrysler, a quant à lui été longuement questionné sur l'analyse des actifs du groupe, sur les négociations avec Fiat et le syndicat automobile UAW mais aussi sur la pertinence d'une alliance avec le constructeur italien.

Depuis la fin avril, le processus de redressement de Chrysler s'est poursuivi à un rythme trépidant, répondant au souhait exprimé par Washington d'une procédure «chirurgicale» devant être bouclée dans les deux mois.

Plusieurs obstacles ont ainsi été levés en quelques semaines.

Notamment, les créanciers minoritaires de Chrysler qui l'avait acculé au dépôt de bilan en refusant l'annulation de plus des deux-tiers de la dette ont jeté l'éponge.

Chrysler a aussi lancé le chantier de restructuration de son réseau surdimensionné de concessionnaires - un quart sera supprimé d'ici au 9 juin - et entrepris de vaste rabais pour parer à une hémorragie de ses ventes.

Mardi enfin, la Justice a rejeté un recours déposé par le trésorier de l'Indiana, qui gère trois fonds détenteurs de titres de dette de Chrysler et qui souhaitait une pause dans la procédure.