Le constructeur automobile américain Ford (F), qui contrairement à Chrysler et General Motors (GM) n'a pas reçu d'aide fédérale, est dans une situation «différente» de ses concurrents.

C'est ce qu'a rappelé son directeur général Alan Mulally, dans un entretien mardi au quotidien Detroit Free Press.«Ford a suffisamment de liquidités pour continuer à payer ses sous-traitants (...) nous pouvons continuer à investir pour l'avenir», a-t-il assuré au journal. Toutefois, «en ce qui concerne l'environnement économique, nous affrontons la même situation», a-t-il tempéré.

«Nous ne projetons pas de demander un prêt au gouvernement, car nous n'en avons pas besoin. Le degré de liberté que nous gardons pour diriger notre entreprise est bien plus large que si nous subissions des restrictions, or, l'argent (du gouvernement) s'accompagne d'importantes pressions», a ajouté, au cours du même entretien, Bill Ford, président du conseil d'administration.

«J'ai été alternativement horrifié et puis irrité» du sort de Chrysler et GM, a commenté M. Ford.

L'administration fédérale a sommé lundi les deux constructeurs de présenter de nouveaux plans de restructurations «viables» s'ils veulent espérer une nouvelle aide de l'État. GM et Chrysler ont déjà reçu 17,4 milliards de dollars US sous forme de prêts depuis décembre.

Ford, considéré comme le moins mal en point des trois géants de Detroit, n'a pas sollicité d'aide publique, bien qu'il eut enregistré en 2008 une perte de 14,6 milliards, la pire de son histoire.

Interrogés par le Free Press, les deux dirigeants ont fermement écarté la possibilité d'une restructuration sous la protection de la loi des faillites.

Cette option «n'est absolument pas (considérée), vous perdez tout contrôle quand vous entrez dans un processus de faillite. Nous avons l'opportunité de modeler le futur de Ford et c'est ce que nous nous attachons à faire», a souligné M. Mulally.

«Notre objectif principal reste, fondamentalement, de faire des bénéfices», a-t-il précisé, estimant que les États-Unis devraient rester «un bon marché pour le secteur automobile».

Quand l'économie se reprendra, «Ford est destiné à grandir, (...) nous avons l'impression que nous serons en assez bonne forme», a pour sa part indiqué Bill Ford, anticipant une reprise des ventes automobiles dès cette année.