La fin du confinement permanent des truies en cages, en vigueur depuis le 1er janvier dans l'Union européenne (UE), fait craindre une baisse du cheptel porcin. Déjà, le nombre de truies a baissé de 4,5% en décembre en Europe. Mais on est loin de la pénurie de bacon appréhendée, surtout au Québec, où les producteurs de porcs réclament du financement public avant de rénover leurs porcheries.

La Commission européenne met en demeure neuf pays de sortir les truies en gestation des cages. En contrevenant à la directive exigeant que les truies soient maintenues en groupe depuis le 1er janvier, ces pays «nuisent au bien-être animal» et entraînent «des distorsions du marché préjudiciables aux entreprises qui ont investi pour se conformer à cette exigence», fait valoir la Commission.

Ces États membres, dont l'Allemagne, la Belgique, la France, le Danemark, la Pologne et le Portugal, ont jusqu'au 21 avril pour répondre de façon «satisfaisante» à la lettre de mise en demeure.

Déjà, le nombre de truies de la production européenne a décliné de 4,5% en décembre par rapport à décembre 2011. «Il y a cependant eu une baisse de moins de 2% du nombre de porcs sur les fermes, indique Michel Morin, agroéconomiste au Centre de développement du porc du Québec (CDPQ). L'effet pourrait se faire sentir plus tard.»

À la fin de janvier, un quart des 12 millions de truies de l'Union européenne étaient illégalement gardées en permanence dans des cages, selon Reuters.

Près de 25% des éleveurs français et allemands tardaient toujours à se mettre aux normes, un taux variable selon les pays.

«On a beaucoup entendu que des élevages pas très rentables, petits ou que d'éleveurs proches de la retraite se sont dit: On n'investit pas et on arrêtera», observe Marie-Alix Roussillon, ingénieure à l'Institut français du porc.

Sauver les truies ou les emplois?

Il reste à savoir si la Commission sévira contre ceux qui espèrent poursuivre sans se mettre aux normes. «Alors que le taux de chômage est de 25% en Espagne, faire baisser la production et monter les prix, ce n'est gagnant politiquement», soulève M. Morin.

Rencontré à Copenhague, Martin Andersson, du Centre de recherche porcine danois, est mécontent que le Danemark ait reçu des remontrances publiques.

«Nous sommes très honnêtes, fait-il valoir. Nous avons interrogé nos éleveurs en septembre, et 6% n'étaient pas prêts. Nous l'avons rapporté à la Commission. Maintenant, presque tous les éleveurs danois se sont adaptés aux règles. Il ne peut y avoir de dispense en ce domaine.»

Au Danemark comme aux Pays-Bas, «des producteurs conformes envisagent de hausser la production, pour compenser les pertes ailleurs», souligne M. Morin.

Les éleveurs ne peuvent plaider l'ignorance: l'abandon des stalles de gestation en Europe a été annoncé en 2001. «Les États membres disposaient de 12 années pour assurer une transition en douceur vers le nouveau système et appliquer la directive», souligne la Commission.