(Washington) Les créations d’emplois ont surpassé les attentes en février aux États-Unis mais le taux de chômage a légèrement augmenté, montrant que la situation se rééquilibre sur le marché du travail, dont Joe Biden a vanté la santé durant son discours devant le Congrès.

Le taux de chômage a grimpé en février à 3,9 %, son plus haut niveau depuis janvier 2022, contre 3,7 % en janvier, selon les chiffres publiés vendredi par le département du Travail. Et 275 000 emplois ont été créés, en hausse par rapport à janvier.

Les analystes tablaient pour février sur 198 000 créations d’emplois et un taux de chômage stable à 3,7 %, selon le consensus de Market Watch.

« Le grand retour de l’Amérique continue », a salué le président Joe Biden dans un communiqué.

Jeudi soir, lors de son grand discours devant le Congrès, il avait déjà vanté la bonne santé du marché de l’emploi : « quinze millions d’emplois ont été créés en trois ans, c’est un record. Et le taux de chômage est le plus bas depuis 50 ans ».

Le président démocrate espère se faire réélire lors de l’élection présidentielle de novembre. Dans cette course à la Maison-Blanche, il devrait, sauf surprise, de nouveau faire face à l’ancien président républicain Donald Trump.

Le marché de l’emploi est en train de se rééquilibrer, après un manque de main-d’œuvre pendant la reprise économique post-pandémique. Les employeurs ne parvenaient pas à recruter en nombre suffisant ni à garder leurs salariés, et avaient fait grimper les salaires pour les attirer.

Cela avait conduit au mouvement de la « Grande démission », les employés ayant massivement changé d’emploi pour profiter de ces conditions favorables.

« Un ralentissement s’annonce »

Certains signes montrent désormais que cette euphorie est bel et bien terminée.

« La croissance de l’emploi est devenue plus étroite, les soins de santé, les loisirs et l’hôtellerie, et le gouvernement représentant près des trois quarts de la création d’emplois », observe ainsi Nancy Vanden Houten, cheffe économiste pour Oxford Economics.

« La tendance actuelle de la masse salariale est stable, mais un net ralentissement s’annonce », anticipe Ian Shepherdson, chef économiste pour Pantheon Macroeconomics.

Les créations d’emplois de décembre et janvier, ainsi, avaient été surestimées, et ont été révisées à la baisse, à, respectivement, 290 000 contre 333 000  initialement annoncées, et 229 000 contre 353 000.

La hausse des salaires, elle, a ralenti « après un gain démesuré », a commenté Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics.  

Cela pourrait être vu comme un signe positif par la banque centrale américaine (Fed), qui cherche à faire ralentir durablement l’inflation.

Les Américains « reçoivent de solides augmentations de salaires qui dépassent l’inflation. Mais il n’y a vraiment aucune preuve de pression inflationniste venant du marché du travail », a assuré la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, sur la chaîne CNBC.

Licenciements « faibles »

La Fed, en effet, s’inquiète que la forte hausse des salaires ne soit un obstacle à une baisse durable de l’inflation.  

Après avoir relevé ses taux pour faire ralentir la consommation et ainsi desserrer la pression sur les prix, la Fed envisage désormais de les abaisser dans les mois à venir, ce qui rendra le crédit plus accessible aux ménages et entreprises.

« L’offre et la demande de main-d’œuvre continueront de se rééquilibrer dans les mois à venir », anticipe Lydia Boussour, économiste pour EY Parthenon.

Échaudées par les difficultés à embaucher et à garder leurs employés, les entreprises sont désormais prudentes quand il s’agit de licencier, même lorsque l’activité économique ralentit.

« Les licenciements restent faibles, ce qui est cohérent avec l’idée selon laquelle […] les entreprises embauchent et licencient moins de travailleurs que la normale », observe ainsi Krishna Guha, économiste pour Evercore, société de conseil en investissements.

Fin janvier, 8,9 millions de postes étaient vacants, en très légère baisse par rapport à décembre, selon des données publiées, mercredi également, par le département du Travail dans son rapport JOLTS. Il y a eu 3,4 millions de démissions en janvier, là aussi un chiffre sensiblement identique à celui de décembre.