(Washington) Joe Biden a présenté vendredi les sept régions des États-Unis qui deviendront des « pôles d’hydrogène » et bénéficieront de vastes financements du gouvernement fédéral, une volonté pour le président démocrate de stimuler l’économie grâce à l’énergie verte avant les élections de 2024.

« Je suis ici pour annoncer l’un des investissements manufacturiers de pointe les plus importants de l’histoire de ce pays », a lancé Joe Biden, lors d’un discours depuis le port de Philadelphie.

Virginie-Occidentale, Texas, Californie, ou encore un pôle allant du Minnesota aux Dakota du Nord et du Sud : sept régions ont été choisies, pour produire au total près de trois millions de tonnes d’hydrogène propre par an, soit un tiers de l’objectif de production des États-Unis pour 2030.

Les sept lauréats se partageront 7 milliards de dollars, prévus par la grande loi sur les infrastructures votée en 2021.

Et cela va « attirer 40 milliards de dollars d’investissements privés dans l’énergie propre à l’hydrogène », a assuré le président, évoquant « plus de 16 États » concernés, et « plusieurs dizaines de milliers d’emplois bien rémunérés, dont beaucoup syndiqués ».

L’investissement financera la production d’hydrogène à grande échelle, les pipelines pour le transporter, et aidera les industries et entreprises à s’adapter à l’utilisation de ce carburant.

« Quand je pense climat, je pense emplois, emplois bien payés, emplois syndiqués », a martelé Joe Biden, utilisant cette formule qu’il affectionne et emploie régulièrement.  

Si le président s’affiche en allié des syndicats, il n’a toutefois pas mentionné la grève en cours chez les trois grands constructeurs automobiles américains.

Créer des emplois

Certaines régions concernées par ces pôles d’hydrogène auront en effet un rôle clé pour l’élection présidentielle de novembre 2024.

La Pennsylvanie, où il était en visite vendredi, et le Michigan, berceau de la grève du secteur automobile, font partie des gagnants, et ont été des États charnières pour l’élection présidentielle de 2020, lorsque Joe Biden a battu Donald Trump.

Le dirigeant démocrate a fait de l’énergie verte un élément clé de son plan économique, surnommé « Bidenomics », visant à relancer l’industrie américaine et à créer des emplois.

« Libérer tout le potentiel de l’hydrogène […] est crucial pour atteindre l’objectif du président Biden, d’une industrie américaine alimentée par l’énergie propre américaine », a déclaré la secrétaire à l’Énergie Jennifer Granholm, vendredi dans le communiqué de la Maison-Blanche.

Mais certains lauréats pourraient n’être pas si verts qu’ils l’annoncent, alerte une ONG, l’« Union des scientifiques préoccupés ».

Plusieurs projets sont « fondés sur la production d’hydrogène à partir de combustibles fossiles et sur des utilisations à risque », explique ainsi Julie McNamara, responsable pour le climat et l’énergie de cette ONG, dans un communiqué.

« Des milliards de dollars des contribuables risquent de perpétuer les injustices et les dommages de l’industrie des combustibles fossiles tout en subventionnant l’écoblanchiment » de ce secteur, avertit-elle. Elle appelle le ministère de l’Énergie et l’administration Biden à « définir des critères rigoureux de mise en œuvre, d’évaluation et d’engagement ».

L’hydrogène est un vecteur d’énergie renouvelable et stockable. Joe Biden s’est engagé à augmenter la capacité de production de sources à émissions faibles ou nulles de carbone, connues sous le nom d’hydrogène « bleu » et « vert ».

L’hydrogène bleu est produit à partir de gaz naturel dans lequel le dioxyde de carbone issu du processus de fabrication est capté. L’hydrogène vert est produit à partir de sources renouvelables.

La production américaine d’hydrogène pèse déjà environ dix millions de tonnes par an, soit à peu près 10 % des volumes mondiaux, mais il s’agit, pour la majeure partie, d’hydrogène dit « gris », produit à partir de gaz naturel sans captation des émissions de CO2, donc polluant.