La Banque du Canada a tiré des leçons de sa gestion de la crise engendrée par la pandémie, et si c’était à refaire, elle agirait différemment.

C’est l’aveu qu’a fait mercredi le sous-gouverneur de la banque centrale, Toni Gravelle, qui était invité à la Conférence sur les services financiers de la Banque Nationale.

Dans son discours, il a expliqué que l’achat d’obligations du gouvernement fédéral est un outil de politique monétaire que la Banque du Canada utilise souvent, mais au début de la pandémie, elle a acheté massivement des obligations fédérales dans un autre but, celui de soutenir les marchés financiers.

C’est ce qu’on appelle de l’assouplissement quantitatif, ce qu’elle n’avait jamais fait auparavant.

Si c’était à refaire, elle agirait différemment, selon le sous-gouverneur.

Si notre intention est d’acheter des obligations du gouvernement du Canada strictement pour restaurer le fonctionnement du marché, on va l’indiquer dès le départ pour qu’il n’y ait pas ambiguïté.

Toni Gravelle, sous-gouverneur de la Banque du Canada

La Banque du Canada précisera dès le début l’envergure et la durée de ses achats d’obligations. « Le programme sera temporaire et se déroulera sur une période relativement courte, déterminée à l’avance », a précisé Toni Gravelle.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA BANQUE DU CANADA

Toni Gravelle, sous-gouverneur de la Banque du Canada

Le fait de ne pas avoir été aussi clair a laissé place à de la spéculation sur les mesures de politique monétaire, a-t-il laissé entendre. Les marchés financiers peuvent ainsi en venir à croire qu’ils peuvent prendre des risques inhabituels sans en subir les conséquences si les choses tournent mal, selon lui.

« Autrement dit, parce que la banque centrale est intervenue une fois, ils en viennent à s’attendre à ce qu’elle intervienne encore au moindre signe de tension sur les marchés. »

Il faut que ce soit clair pour tout le monde que les interventions du genre se font à titre exceptionnel, a-t-il souligné, soit « dans des situations extrêmes où le système financier au complet fait face à des contraintes de financement ».

Ça n’arrive pas souvent, a dit Toni Gravelle, et il ne faut pas s’attendre à une intervention de cette ampleur à chaque épisode de turbulence sur le marché.

« La barre est très haute pour qu’on utilise à nouveau les achats massifs d’obligations du gouvernement du Canada afin de soutenir le fonctionnement des marchés », a-t-il assuré.

Retour à la normale

Si c’était à refaire, la Banque du Canada n’attendrait pas aussi longtemps avant d’amorcer un retour à la normale, a aussi indiqué le sous-gouverneur.

Depuis un an, les autorités monétaires ont entrepris de réduire leur bilan gonflé par la pandémie, ce qu’on appelle le resserrement quantitatif.

La Banque du Canada prévoit maintenant ne pas attendre aussi longtemps et plutôt commencer à revendre les obligations achetées pour calmer les marchés dès que les conditions se seront améliorées.

« En les vendant peu après ce retour à la normale, on sera capables de ramener notre bilan à sa taille d’origine assez rapidement », a dit Toni Gravelle.

Le resserrement quantitatif entrepris il y a un an pourrait être long, a indiqué le sous-gouverneur, et se terminer vers la fin de 2024 ou la première moitié de 2025.

La Banque du Canada travaille toujours à rétablir l’offre et la demande, a rappelé le sous-gouverneur. « On continue de s’attendre à ce que l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation baisse dans les prochains mois, mais il va falloir que l’inflation fondamentale ralentisse davantage pour qu’elle retourne à la cible de 2 %. »

La prochaine décision sur les taux d’intérêt de la Banque du Canada et son évaluation des conditions économiques seront connues le 12 avril.