Le procureur de l'État de New York a ouvert une enquête contre le laboratoire américain Mylan, critiqué pour avoir drastiquement augmenté le prix d'un populaire traitement d'urgence contre les chocs allergiques graves.

«Un examen préliminaire montre que Mylan Pharmaceuticals pourrait avoir introduit des clauses potentiellement anticoncurrentielles dans les contrats de ventes de l'EpiPen passés avec de nombreux organismes gérant les écoles locales», affirme Eric Schneiderman dans un communiqué.

«Si Mylan a mis en place des pratiques anticoncurrentielles ou violé les lois antitrust, avec pour intention et but de limiter la concurrence, nous le tiendrons responsable», poursuit le procureur, évoquant une enquête «cruciale».

Le prix de l'EpiPen, un auto-injecteur d'épinéphrine fréquemment prescrit aux enfants ayant par exemple de sévères allergies alimentaires, est passé de 100 dollars à plus de 600 dollars en quelques années aux États-Unis.

Révélée fin août, cette information a causé un tollé jusque dans la classe politique. La candidate démocrate à la Maison Blanche, Hillary Clinton, s'est notamment dite scandalisée par la hausse exponentielle du coût de ce traitement jouissant d'un quasi-monopole en Amérique.

Devant les protestations, Mylan a annoncé dans la foulée des mesures pour rendre ce médicament plus abordable mais sans pour autant convaincre.

Le groupe a décidé par exemple de distribuer des cartes de paiement permettant de couvrir environ 50% du prix de l'EpiPen, vendu par paquets de deux.

«Aucune vie d'enfant ne devrait être mise en danger parce qu'un parent, une école ou un assureur-santé ne peut s'offrir un simple appareil médical capable de sauver des vies, en raison des pratiques anticoncurrentielles d'un laboratoire pharmaceutique», dénonce Eric Schneiderman.

Contacté par l'AFP, Mylan n'a pas réagi dans l'immédiat.

Le débat sur le prix des médicaments fait rage depuis plusieurs mois aux États-Unis et plusieurs auditions ont déjà été organisées au Congrès sur ce thème. Les laboratoires Turing avaient notamment augmenté il y a un an de quelque 5000% le prix d'un médicament, le Daraprim, utilisé contre le paludisme et des co-infections du sida.

Un autre laboratoire, le canadien Valeant, qui avait aussi augmenté rapidement le prix de plusieurs de ses médicaments, a été la cible d'accusations de manipulations comptables et a vu son titre fortement chuter en Bourse.