Les fusions-acquisitions ont encore de beaux jours devant elles dans le secteur pharmaceutique, malgré l'échec récent du mariage géant entre l'américain Pfizer et son compatriote Allergan, selon des experts du cabinet de conseil EY.

«Nous allons encore observer un niveau important d'investissements et de désinvestissements dans le secteur pharmaceutique dans les années qui viennent», a estimé lundi Gerd Stürz, spécialiste d'EY, lors d'une conférence de presse à Francfort, en Allemagne.

Le rapprochement à 160 milliards de dollars entre les laboratoires américains Pfizer et Allergan, censé créer le numéro un mondial de la pharmacie devant le suisse Novartis, a avorté en avril en raison des mesures prises par les États-Unis contre les mariages d'entreprises motivés par des raisons fiscales.

Cela ne devrait pas pour autant signer la fin des grandes manoeuvres dans un secteur en pleine refonte. «Les groupes liquident des pans entiers de leur portefeuille ou en achètent de nouveaux afin de se renforcer de manière ciblée», a expliqué Siegfried Bialojan, autre expert de EY.

Face à une concurrence accrue, la croissance externe est le maître mot pour de nombreuses entreprises. «Les entreprises pharmaceutiques ne peuvent présenter des innovations rapidement que si elles vont les chercher à l'extérieur», souligne M. Bialojan.

Après un montant record pour les fusions-acquisitions dans l'industrie pharmaceutique en 2014, et une année 2015 qui aurait encore fait mieux si le mariage entre Pfizer et Allergan s'était réalisé, M. Bialojan s'attend à ce que des fusions-acquisitions d'un montant total annuel de 200 milliards de dollars deviennent «la nouvelle norme» dans ce secteur.

Plusieurs entreprises ont récemment annoncé des rapprochements, à l'instar de Pfizer. Après sa déconvenue avec Allergan, l'américain a annoncé l'acquisition pour plus de 5 milliards de dollars du spécialiste de l'eczéma Anacor. Il s'intéresse par ailleurs à Medivation, une société de biotechnologies californienne spécialisée dans les traitements anti-cancéreux également convoitée par le français Sanofi et l'américain Amgen.

Toujours aux États-Unis, le laboratoire Abbott a dit en avril vouloir racheter le spécialiste des équipements médicaux St Jude Medical pour 25 milliards de dollars.

Le laboratoire allemand Bayer, également présent dans l'agrochimie, a pour sa part mis 55 milliards d'euros sur la table pour s'emparer de Monsanto, spécialiste des semences OGM et des pesticides, une offre que l'américain a pour l'instant rejetée.