Le secteur de la construction fléchit encore plus que ne l'avaient anticipé les économistes au début de l'année.

Dans une étude qui sera publiée aujourd'hui, l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ) prévoit que le nombre de mises en chantier aura reculé de près de 9% cette année pour se chiffrer à 35 500. C'est inférieur aux prévisions initiales de l'APCHQ pour 2015, qui pronostiquaient déjà une baisse par rapport à l'an dernier. En 2014, les mises en chantier avaient crû de près de 3%.

Le portrait est semblable pour l'ensemble de l'industrie de la construction. Charles Morissette, directeur de la recherche à la Commission de la construction du Québec (CCQ), prévoit désormais que le nombre d'heures travaillées dans l'industrie totalisera environ 144,2 millions, une baisse de 3,6% par rapport à 2014. Au début de l'année, il calculait que le recul des heures travaillées serait inférieur à 1%.

M. Morissette s'attend à ce que le nombre total de travailleurs de la construction baisse de 1,7% en 2015 pour s'établir à 155 000. Ce sont les secteurs de la construction industrielle et du génie civil qui enregistrent les diminutions les plus prononcées.

Outre la faiblesse générale de l'économie, Charles Morissette évoque l'hiver rigoureux, qui a ralenti l'activité sur les chantiers, le dynamisme du marché de la revente résidentielle, qui freine la demande de logements neufs, et la fin de projets de construction majeurs comme le Centre universitaire de santé McGill et la mine Éléonore, dans le Nord-du-Québec. M. Morissette souligne toutefois que la deuxième moitié de l'année s'annonce plus vigoureuse avec le lancement de grands chantiers comme celui du nouveau pont Champlain.

Vigueur du marché de la rénovation

Il convient par ailleurs de noter que dans le secteur résidentiel, la vigueur du marché de la rénovation a plus que compensé le recul des mises en chantier. L'APCHQ prévoit que les dépenses en rénovation auront bondi de plus de 13% en 2015 pour atteindre 13,6 milliards de dollars. Cette forte augmentation tirera vers le haut l'ensemble du secteur résidentiel, qui devrait enregistrer des revenus de 27,6 milliards, en hausse de 6,6% par rapport à 2014.

Ce sont principalement les crédits d'impôt ÉcoRénov et LogiRénov, mis en place l'an dernier par le gouvernement Couillard, qui expliquent la hausse marquée des travaux de rénovation. L'APCHQ voit d'ailleurs d'un bon oeil l'engagement électoral des conservateurs de créer un crédit d'impôt permanent de 15% pour la rénovation résidentielle.

Pour 2016, l'APCHQ entrevoit une légère reprise dans le secteur de la construction de logements neufs et projette 36 000 mises en chantier au Québec, ce qui représenterait une hausse de 1%. Par contre, la disparition des crédits d'impôt provinciaux, à la fin de 2015, devrait entraîner «un fléchissement de la croissance des activités de rénovation», prévoit l'APCHQ.

À la CCQ, on prévoit actuellement que l'industrie connaîtra globalement une année 2016 «stable» par rapport à 2015. Si tel était le cas, ce serait la première fois en quatre ans que la construction québécoise n'accuserait pas de recul par rapport à l'année précédente.