L'ambassadrice québécoise de Google, Marie-Josée Lamothe, a révélé, lors d'une conférence, quelques ingrédients de la recette du succès du géant de la recherche sur l'internet. Devant un parterre d'invités de l'Association des MBA du Québec, la directrice générale pour le Québec a repris à son compte le conseil d'Erno Rubik, inventeur du fameux cube du même nom et grande inspiration de Google: les questions sont plus importantes que les réponses.

Trois plateformes plutôt qu'une

Si, au XXe siècle, le progrès technologique dans les communications pouvait se résumer par l'évolution d'une seule plateforme, de la radio à la télévision, on doit aujourd'hui composer avec trois phénomènes: l'internet, la mobilité et l'infonuagique. «Le fait que trois plateformes convergent est très unique, a déclaré Mme Lamothe. C'est ce qui fait que le futur semble plus proche, que tout semble aller plus vite dans un environnement où on a accès à une multitude d'informations.» C'est la raison pour laquelle les entreprises sont généralement tellement en retard sur les consommateurs, estime-t-elle.

Capter l'attention

Paraphrasant le PDG de Microsoft, Satya Nadella, la directrice de Google Québec estime que le principal défi est aujourd'hui de capter l'attention. «Notre mécanisme de défense, c'est de prioriser ce qui est important au détriment de ce qui ne l'est pas. On devient très critique, notre zone d'attention a diminué, on dit qu'elle n'est plus aujourd'hui que de huit secondes.»

Remettre en question

Vingt-quatre ans après l'invention du cube Rubik, un certain Larry Page a repris à son compte la même philosophie pour fonder Google, dont l'ambition folle était de cartographier l'internet. «S'il y a des limites, je vais poser des questions jusqu'à ce que je trouve la solution», a raconté Mme Lamothe. En 2015, l'engagement le plus original en ce sens, c'est d'accorder aux quelque 55 000 employés de Google 20% de leurs heures de travail pour qu'ils travaillent sur des projets personnels. C'est ainsi que sont nés des projets visionnaires comme le Projet Loon - offrir l'internet dans des zones reculées grâce à des montgolfières - et la voiture autonome.

La compétence transversale

Chez Google, a précisé Marie-Josée Lamothe, il n'existe que neuf niveaux de hiérarchie. Les principaux juges de la qualité du travail d'un employé sont ses collègues immédiats. Quant aux gestionnaires, ils ont sous leurs ordres un minimum de 10 à 15 employés «pour assurer que ce sont des équipes transversales, pour qu'il n'y ait pas de "micromanagement". Si on les a recrutés, on devrait les laisser vivre. Le droit à l'erreur est une partie intrinsèque de l'innovation.» Faire confiance à ses employés est la clé de ce succès, estime-t-elle. «Si vous n'êtes pas nerveux, c'est que vous n'avez pas accordé assez de liberté à vos employés», assure-t-elle.

Trouver la cause

Si, dans les années 90, un employé pouvait se définir par son statut et son salaire, ce n'est plus le cas aujourd'hui, croit la directrice générale. «Les employés doivent comprendre pourquoi leur entreprise existe.» Elle a rappelé cet aphorisme savoureux de Mark Twain, pour qui il y a deux jours importants dans une vie: celui où on naît et celui où on comprend pourquoi. Elle précise que le recrutement, où on préfère les aptitudes à l'expérience, est crucial chez Google. «Mes deux meilleures recrues ces dernières années étaient une magicienne et un critique de restaurants. Leurs approches étaient tellement non conventionnelles, tellement extraordinaires...»

Marie-Josée Lamothe en bref

• Directrice générale pour le Québec et directrice générale des stratégies de marques chez Google Canada depuis avril 2014.

• Directrice du marketing international chez L'Oréal en 2004 puis chef de la direction marketing et des communications corporatives entre 2010 et 2014.

• Sélectionnée en 2012 et 2013 par le Financial Post et WXN (Réseau des femmes exécutives) comme l'une des 100 femmes les plus influentes du Canada.

• Vit à Montréal et est mère de trois enfants.