Si on oublie un instant la chute des prix à la pompe, le coût de la vie a continué d'augmenter le mois dernier, même pour les automobilistes.

L'Indice des prix à la consommation (IPC) a diminué de 0,2 % de décembre à janvier, portant le rythme annuel d'inflation à 1,0 % seulement, a indiqué hier Statistique Canada. Si on exclut l'essence, dont les prix ont baissé de 26,9 % d'un océan à l'autre en un an, les prix ont grimpé de 0,3 % en un mois et de 2,4 % en un an.

Au Québec, le rythme annuel d'inflation est de 0,7 %, mais il grimpe à 2,3 % sans l'essence.

La forte dépréciation du dollar au cours du mois mord dans le pouvoir d'achat des ménages. Cette dynamique va continuer encore quelques saisons: on ne s'attend pas à une remontée prochaine du huard face au billet vert.

Si beaucoup de Canadiens ne se déplacent pas en voiture, tous mangent. Les prix des aliments sont en hausse de 4,6 % depuis un an et même de 13,8 % dans le cas de la viande. Le mois dernier, ils ont augmenté de 1,2 %, fruits et légumes frais étant presque tous importés en début d'année.

Le poids des aliments dans la consommation est d'ailleurs bien reflété dans la composition de l'IPC puisqu'ils en représentent 19,1 % comparativement à 3,8 % pour l'essence.

À l'exception des transports qui incluent l'essence, les autres grandes catégories de l'IPC affichent toutes des hausses annuelles, dont 2,0 % pour le logement, 2,9 % pour les dépenses courantes des ménages, 2,1 % pour les vêtements et chaussures et 6,4 % pour les boissons alcoolisées et le tabac.

Même à 1 % (dont 0,75 % est attribuable à la nourriture), le taux d'inflation canadien est reste plutôt élevé, même si, sur une base annuelle, l'IPC recule dans les quatre provinces atlantiques. Il est passé à - 0,1 % aux États-Unis le mois dernier et à - 0,6 % dans la zone euro. Il est en augmentation modeste de 0,3 % au Royaume-Uni.

Tant aux États-Unis qu'au Canada, le recul de l'inflation n'est pas le présage d'une déflation prochaine des prix. C'est la chute des prix de l'essence qui en est la cause, chute en partie endiguée au cours du mois qui s'achève.

Au Canada en particulier, la dépréciation du dollar canadien agit comme un rempart efficace en faisant augmenter la valeur des biens de consommation importés.

L'indice de référence (IPCX) de la Banque du Canada indique toujours une augmentation modérée du coût de la vie, conforme à ses visées. En janvier, l'IPCX, qui représente environ 85 % de l'IPC en soustrayant les huit composantes les plus volatiles tels les fruits et les légumes frais ainsi que l'essence, était en progression annuelle de 2,2 %, comme en décembre. Son rythme est supérieur à 2 % depuis six mois maintenant, période qui coïncide avec la chute du prix du pétrole. Bref, sans cette dégringolade, l'inflation ferait sourciller les autorités monétaires canadiennes.

Toutefois, les effets du choc pétrolier nuisent à l'économie canadienne, un exportateur net, alors qu'ils stimulent l'américaine, un importateur net, même si nos voisins sont au troisième rang de la production mondiale, derrière l'Arabie Saoudite et la Russie.

C'est ce qui avait incité le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, à contracter une police d'assurance en abaissant par surprise le taux directeur de 25 centièmes, à 1 %.

Dans la foulée de cette annonce, la plupart des prévisionnistes ont pensé qu'une autre baisse serait annoncée dès mercredi.

M. Poloz les a de nouveau confondus mardi en déclarant: «Nous sommes maintenant plus confiants dans notre capacité de ramener l'économie à son plein potentiel et de maintenir l'inflation à un niveau stable d'ici la fin de 2016.»

On saura mardi, avec les données trimestrielles du produit intérieur brut, comment le Canada absorbe le choc pétrolier.

Depuis hier, on sait par contre qu'il n'a pas encore provoqué d'effondrement des prix.