Ubisoft et le gouvernement du Québec ont confirmé le projet d'expansion de 373 millions de dollars et 500 emplois dévoilé par La Presse hier. Ce projet aura aussi une incidence positive pour les autres entreprises du secteur, grâce à l'assouplissement des règles d'admissibilité aux crédits d'impôt.

Q En quoi consiste l'aide du gouvernement du Québec?

R Québec accorde une subvention directe non remboursable de 9,9 millions à Ubisoft. De plus, il assouplit les règles pour permettre à la majorité de ces nouveaux employés, ainsi qu'à une centaine d'autres qui y travaillent déjà, de devenir admissibles au programme de crédit d'impôt pour la production de titres multimédias.

Les nouvelles règles éliminent aussi la limite de 36 mois après le lancement d'un jeu pour bénéficier du crédit.

Q Quels sont les nouveaux emplois admissibles?

R La montée en popularité du jeu en ligne a mené à la création d'une panoplie de métiers: gestionnaires de réseaux et de communautés, spécialistes en intelligence d'affaires, mathématiciens, experts en télémétrie, monétisation et marketing interactif, etc.

Les critères d'admission du programme avaient été établis à une époque où le cycle de développement d'un jeu se terminait à peu près au moment de sa sortie en magasins.

Q Quel sera l'impact de ce changement?

R Les dirigeants des concurrents montréalais Warner, Eidos, EA et Ludia joints hier étaient tous très heureux.

«Toutes les entreprises ont poussé dans ce sens-là, c'était un combat de longue date», a noté le directeur général d'Eidos Montréal, David Anfossi.

Sommairement, ils estiment ensemble à une centaine le nombre de leurs employés qui deviendront admissibles à court terme.

«Ça nous permet surtout de regarder vers le futur», constate Martin Carrier, vice-président et chef de studio chez Warner Bros. Games Montréal.

Q À combien s'élève l'investissement d'Ubisoft?

R La somme promise est de 373 millions sur 7 ans. Cela inclut toutefois la subvention de 9,9 millions du gouvernement provincial ainsi qu'un crédit d'impôt remboursable de 37,5% sur la portion "salaires" de cet investissement. La taille de cette portion réservée aux salaires est inconnue, mais on sait qu'environ 66 millions seront investis dans des immobilisations.

Q À quoi servira-t-il?

R D'abord à l'ouverture de 500 nouveaux postes, dont la majeure partie au cours des trois ou quatre premières années. Mais aussi à moderniser, à moyen terme, le studio de capture de mouvements d'Ubisoft, présentement situé dans les ateliers Angus. Il pourrait déménager. Ubisoft pourrait même construire un autre immeuble, puisqu'il faudra aussi trouver un endroit où installer ces nouveaux employés et déployer des infrastructures de réseaux.

Q Combien coûtent les crédits d'impôt à l'industrie du jeu vidéo?

R Le programme pour la production de titres multimédias a coûté 128 millions l'an dernier. L'élargissement des critères d'admissibilité devrait faire augmenter cette somme de 3 millions l'an prochain, selon le ministère des Finances.

Le gouvernement du Québec a aussi fourni des aides directes de 9,9 millions à Ubisoft, 7,5 millions à Warner, 3 millions à THQ et 2 millions à Square Enix.

Q L'aide fournie est-elle rentable pour le gouvernement?

R Selon Pauline Marois, première ministre du Québec, l'État mettra cinq ans à rentabiliser la subvention directe de 9,9 millions accordée à Ubisoft. Elle et son ministre des Finances, Nicolas Marceau, ont aussi décrit comme «très rentable» le programme de crédits d'impôt à la production de titres multimédias. Ni eux ni le ministère des Finances n'étaient toutefois en mesure, hier, de fournir des données sur les retombées de ce programme.