Les investisseurs et les spéculateurs qui espéraient certaines précisions sur le ralentissement de la troisième ronde de détente quantitative (DQ3) de la Réserve fédérale (Fed) seront restés sur leur faim.

Tout au plus note-t-on dans son communiqué d'hier après-midi quelques nuances par rapport à celui du 19 juin qui reflète une perception que l'économie tourne moins vite qu'elle ne l'avait cru jusque-là.

Ainsi, le rythme d'expansion n'est plus qualifié de «modéré», mais de «modeste durant la première moitié de l'année». La Fed prend aussi acte de la remontée des taux hypothécaires.

Plus significatif peut-être, les autorités monétaires affirment que leur politique accommodante va permettre «à la croissance de retrouver du tonus». En juin, cette même politique était perçue comme allant permettre à la croissance «de continuer à un rythme modéré».

Autre nouveauté notable, la Fed reconnaît que «l'inflation qui persiste sous son objectif de 2% puisse poser des risques à la performance économique». Cette précision a été suffisante pour rallier la voix de James Bullard qui avait marqué sa dissidence en juin en alléguant que la Fed n'affirmait pas assez clairement sa volonté de défendre sa cible d'inflation.

Comme c'est le cas depuis le début de l'année, Esther George a voté contre la politique monétaire annoncée, arguant, à l'opposé de M. Bullard, qu'une politique monétaire accommodante prolongée est susceptible de créer des risques économiques et financiers.

Aucune mention ni allusion n'est faite dans le communiqué quant à un éventuel début de la diminution de la DQ3 qui consiste en l'achat mensuel de 40 milliards de dollars d'obligations du Trésor de longue échéance et de 45 milliards de dollars de titres adossés à des créances hypothécaires.

Comme le 19 juin, le communiqué précise que la Fed «est prête à augmenter ou à réduire le rythme de ses achats» selon l'évolution de l'emploi et de l'inflation.

Durant sa conférence de presse de juin, le président de la Fed, Ben S. Bernanke, avait évoqué la possibilité de diminuer graduellement la DQ3 à compter de septembre et mentionné qu'elle pourrait prendre fin l'été prochain, si les données économiques continuaient de se montrer encourageantes. Il estimait même que le taux de chômage pourrait alors être descendu dans le voisinage de 7,5%. Il se situait à 7,6% en juin. Le taux de juillet sera connu demain.

Cette déclaration avait provoqué beaucoup de remous sur les marchés obligataires et poussé à la hausse les taux d'intérêt à long terme (dont les taux hypothécaires).

Les données préliminaires publiées hier par le Bureau of Economic Analysis font état d'une croissance annualisée de 1,7% au deuxième trimestre, alors que la gageure médiane des prévisionnistes était plutôt de 1%.

Cela peut paraître bon, si on ne tient pas compte des importantes révisions apportées aux trimestres précédents. Ainsi, la croissance de janvier à mars est ramenée de 1,8% à 1,1%, celle d'octobre à décembre, de 0,4% à 0,1%.

S'il est vrai que l'ensemble des révisions montre que la dernière récession a été un peu moins profonde et la reprise, un peu plus robuste, il apparaît surtout évident que le rythme d'expansion est plus faible que ce qu'on croyait jusqu'ici, et ce, depuis maintenant un an déjà.

À la lumière de ces nouvelles données et des sombres perspectives pour la fin de l'année que laisse présager une nouvelle foire d'empoigne entre le Congrès et la Maison-Blanche sur le relèvement du plafond de la dette, dès la rentrée, la Fed ne peut que faire preuve de prudence avant de procéder à quelque ajustement que ce soit à sa politique monétaire très accommodante.

Voilà pourquoi elle réaffirme que celle-ci restera appropriée «durant une période considérable» après la fin de la DQ3 et le renforcement de la reprise.

Cela signifie que le taux directeur, qui oscille dans une fourchette de 0 à 0,25% depuis décembre 2008, demeurera en place tant que le taux de chômage restera au-dessus de 6,5% et que le taux d'inflation projeté sur un horizon de un à deux ans ne dépassera pas 2,5%.

Investisseurs et spéculateurs devront donc patienter jusqu'au 18 septembre pour espérer quelque précision sur la diminution de la DQ3, si diminution il y a. Ils pourront aussi se mettre sous la dent un nouveau scénario de croissance de l'économie, de l'emploi et de l'inflation.