Si la plupart des grands détaillants ont déjà adopté le commerce électronique, les plus petits se font toujours tirer l'oreille. Les coûts associés à l'intégration d'une plateforme transactionnelle ont pourtant chuté au cours des dernières années, et selon les experts, il n'y a plus de raisons pour ne pas s'y aventurer.

Club Bead Plus est au nombre des rares boutiques du Québec à avoir pris goût aux transactions électroniques. Lancée en 2010, sa plateforme de vente en ligne de produits d'artisanat a eu un impact instantané sur ses ventes, selon Nadine Ouellette, copropriétaire et vice-présidente de l'entreprise.

«On a vu une augmentation des ventes de 10 à 15% immédiatement après son lancement, dit-elle. En ce moment, c'est près de 30% de notre chiffre d'affaires qui vient du web.»

Cette nouvelle possibilité d'acheter en ligne a transformé la façon de consommer d'une partie de la clientèle du détaillant du quartier Ahuntsic. «Certains clients vont venir faire une première visite à la boutique pour voir et toucher nos produits, puis se rebranchent sur le web pour les commander», explique Nadine Ouellette.

Si certains ont changé leur façon de magasiner, d'autres ont tout simplement eu accès une première fois aux produits de l'entreprise grâce au site transactionnel. Ainsi, la clientèle de Club Bead Plus dépasse maintenant les frontières de Montréal pour rejoindre des consommateurs partout au Québec, et même aux États-Unis.

Accessible aux PME

Cette possibilité de s'ouvrir à de nouveaux marchés grâce au commerce électronique n'est souvent pas prise en compte par les dirigeants de PME, selon Abdelouahab Mekki Berrada, professeur en administration et spécialiste de la gestion du commerce électronique à l'Université de Sherbrooke.

«Ce que les PME méconnaissent, c'est que la majorité des consommateurs ont intégré de façon quasi automatique le web dans leur processus décisionnel, dit-il. Plus de 80% des recherches d'un produit ou d'un service se font via le web avant d'aller en magasin ou à un bureau. Donc, une absence sur ce canal peut être aussi nuisible pour l'entreprise.»

Selon lui, «les PME n'ont plus d'excuses» pour ne pas intégrer le commerce électronique à leurs pratiques d'affaires. «Pas besoin de créer une copie conforme du site d'Amazon, dit-il. Il existe énormément de plateformes gratuites telles WordPress ou Joomla, qui permettent d'avoir une présence en commerce électronique assez remarquable.»

Claire Bourget, directrice de la recherche marketing au CEFRIO, est du même avis. «Les technologies pour faire du commerce en ligne sont de plus en plus abordables», dit-elle. Selon la spécialiste des technologies de l'information, il y a de moins en moins de barrières empêchant les commerçants d'y accéder. «Le marché est là, ce n'est plus juste une affaire de jeunes», ajoute-t-elle.

Le CEFRIO est le dernier organisme à avoir pris le pouls des entreprises canadiennes et québécoises en matière de commerce électronique. Dans son enquête NetPME de 2011, le groupe soulignait que seulement 15,2% des PME québécoises avaient intégré une plateforme de commerce électronique à leurs opérations. Ce chiffre s'élevait à 17,9% à l'échelle canadienne.