La crise économique pourrait menacer les progrès enregistrés en matière d'espérance de vie en Europe si des gouvernements décidaient d'amputer leur budget santé, a mis en garde l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un rapport publié mercredi.

«Un scénario possible et qui menace les progrès constants faits en matière d'espérance de vie en Europe consisterait à ce que des crises économiques ou sociales soient couplées à des réductions des dépenses de santé», estime l'OMS dans son rapport sur l'Europe, qui porte sur 53 pays.

L'organisation souligne aussi que si la situation sanitaire s'est améliorée en Europe, les disparités restent grandes d'un pays à l'autre.

«L'espérance de vie à la naissance a augmenté de cinq ans depuis 1980, pour atteindre 76 ans en 2010. Le problème est que ce progrès n'est pas partagé équitablement entre les pays», a souligné l'auteur du rapport, Ritu Sadana, lors d'une conférence de presse à Londres mardi, avant la publication du document.

En Espagne, pays où l'espérance de vie est la plus élevée en Europe, on vit en moyenne jusqu'à 82,2 ans, alors qu'au Kazakhstan, en bas de l'échelle, l'espérance de vie n'est que de 68,7 ans.

Selon l'OMS, l'Europe - qui compte 900 millions d'habitants répartis de l'Europe occidentale jusqu'à l'Asie centrale en passant par Israël - abrite neuf des dix pays avec l'espérance de vie la plus élevée du monde, même si le continent a les taux plus importants de consommation d'alcool et de tabac.

L'augmentation de l'espérance de vie s'explique en partie grâce à la régression de certaines maladies, notamment cardiaques, et l'amélioration des conditions de vie, selon le rapport de l'OMS, publié tous les trois ans.

Les dépenses de santé varient énormément d'un pays à l'autre, la France et les Pays-Bas consacrant 11,9% de leur PIB à la santé (chiffres de 2010), contre 2,5% seulement au Turkménistan, constate l'OMS.

L'espérance de vie varie aussi énormément selon les sexes: elle est de 80 ans en moyenne pour les femmes, et de 72,5 ans pour les hommes. «En 2010, les hommes n'avaient pas atteint l'espérance de vie moyenne des femmes en 1980», selon Ritu Sadana.

Cette disparité pourrait s'expliquer en grande partie par les différences de «mode de vie et d'activités», notamment le fait que les hommes fument deux fois plus que les femmes, selon l'OMS.

Les taux de suicide ont eux diminué de 24 à 40% selon les pays, depuis le milieu des années 90, mais on constate un tassement de cette baisse depuis la crise de 2008.

Plus d'un quart de la population européenne vivra au-delà de 65 ans d'ici 2050, selon l'OMS, qui met en garde contre les défis que cette évolution impliquera pour les systèmes de santé.