Voici les cinq principales raisons qui aident à comprendre le repli de RIM depuis quelques années.

L'écran tactile

Le BlackBerry 10 sera le premier téléphone de RIM avec un écran tactile, la marque du commerce des iPhone d'Apple depuis 2007. «Le BlackBerry 10 est intéressant, mais RIM aurait dû faire un téléphone comme celui-là il y a trois ans», avance Amit Kaminer, analyste à la firme de télécoms SeaBoard Group. Professeur à l'Université de Toronto, Ramy Elitzur compare le BlackBerry à l'ordinateur de poche Palm, une innovation technologique qui n'a pas évolué assez vite par la suite. «Palm n'a pas réalisé assez vite que la connexion internet mobile est devenue l'aspect le plus important, tout comme le BlackBerry, qui a d'abord été conçu pour les courriels», dit-il.

Les consommateurs

Tous s'entendent sur le fait que la plus grande qualité de RIM est son expertise sur le plan technologique. Mais les entreprises ont souvent les défauts de leurs qualités. «Le problème de RIM, c'est qu'elle ne comprend pas les consommateurs, dit le professeur Ramy Elitzur. Sa philosophie est basée sur l'ingénierie du produit, pas sur les consommateurs.» RIM fait valoir que le BlackBerry 10 répondra autant aux besoins des entreprises que des consommateurs. «C'est une plateforme sans compromis, dit Andrew MacLeod, directeur général de RIM au Canada. Avant, quand on comparait avec d'autres téléphones, il y a des aspects où nous étions très forts et d'autres où nous étions moins forts. Avec BB10, nous sommes très forts partout.»

Les rivaux féroces

«Je n'envie aucune entreprise qui doit faire face à Apple ET à Google», résume Amit Kaminer, de SeaBoard Group. En plus, RIM est aussi la seule entreprise de téléphonie à tout faire de A à Z: fabriquer le téléphone, concevoir le système d'exploitation, ainsi que maintenir la sécurité et la fiabilité de son réseau. Qui dit davantage de responsabilités dit davantage de rivaux. Dernièrement, Microsoft vient de s'ajouter à une liste déjà bien garnie par Apple, Google, Samsung et Nokia. «Microsoft va mettre beaucoup d'argent pour revenir dans la partie», dit Willy Shih, professeur d'innovation à la Harvard Business School.

Les applications

Malheureusement pour RIM, les applications prennent de plus en plus d'importance dans le choix d'un téléphone portable. À ce chapitre, Apple et Google sont en avance sur l'entreprise canadienne. «Beaucoup de ces téléphones se ressemblent tellement, dit Kevin Restivo, analyste à la firme IDC Canada. Sans les applications, le BlackBerry ne redeviendra pas cool.» En plus des clients, RIM doit donc courtiser les concepteurs d'applications. «RIM doit les convaincre de travailler dans leur système, mais est-ce que ce sont les clients ou les concepteurs d'applications qui viennent en premier? C'est comme le dilemme de l'oeuf ou la poule», dit Amit Kaminer.

Balsillie-Lazaradis

Durant les années 2000, le spécialiste du marketing Jim Balsillie et l'ingénieur Mike Lazaradis ont formé le duo de gestionnaires le plus renommé du pays. Mais en janvier 2012, ils ont démissionné de leur poste de co-PDG de RIM, laissant la place au numéro trois de l'entreprise, l'Allemand Thorsten Heins. M. Lazaradis, qui a cofondé RIM quand il était encore aux études, siège toujours au conseil d'administration. «Au cours des dernières années, RIM a été lent à réagir, lent à innover, lent à exécuter. Avec l'arrivée de Thorsten Heins comme PDG il y a un an, l'exécution est meilleure», dit Amit Kaminer.