Les termes de l'arrangement par lequel Québecor hausse sa participation dans sa filiale Québecor Média de 55 à 75% ne sont pas sans soulever des questions dans la communauté financière.

> Le blogue des marchés: Québecor Média, quel rendement?

«Beaucoup d'investisseurs vont se demander pourquoi la Caisse vend aujourd'hui une partie de sa position dans Québecor Média. Cela pourrait créer une impression négative et mettre les actions sous pression tant que les dirigeants n'auront pas éclairci la question», a commenté à chaud hier matin l'analyste Maher Yaghi de Valeurs mobilières Desjardins.

Les actions de Québecor ont perdu 1,3% de leur valeur à 33$ dans un marché atone, hier. Le titre accuse un recul de 5,4% depuis le début de l'année à comparer à un gain de 3,4% pour l'indice global de la Bourse de Toronto.

L'analyste se dit à l'aise avec le niveau d'endettement prévu, comparable à la situation il y a quatre ans. Selon le plan convenu, la dette de Québecor Media passera de 2,9 à 3,7 fois les profits avant impôts, intérêts et amortissement (BAIIA).

L'évaluation de la participation de la Caisse dans Québecor Média lui semble par ailleurs favorable. À 2,75 milliards de dollars pour une participation de 45,28%, cela porte à 6,1 milliards la valeur totale de la filiale de télécom alors que l'analyste de Desjardins l'a établie plutôt 5,3 milliards.

Suivant cette évaluation de la valeur des actions de Québecor Média, la société mère serait à même de revendiquer un prix de 50$ pour son propre titre, estime M. Yaghi. Au contraire, avec l'accroissement de la dette impliquée, l'analyste de Desjardins se dit plutôt enclin à soustraire 2$ au prix par action.

Pour sa part, l'analyste Godfrey Spencer, de la firme KDP Investment Advisors, au Vermont, met en doute les justifications données par Québecor pour son montage financier. «Nous ne voyons pas comment cela améliore la structure du capital ou comment la flexibilité opérationnelle et financière s'en trouve préservée, vu l'augmentation importante de l'effet de levier financier», observe-t-il.

Quebecor était déjà à la porte des banques, aussitôt sa présentation faite aux analystes financiers, pour obtenir 1 milliard en échange d'une combinaison d'obligations canadiennes et américaines venant à échéance en janvier 2023. Le produit de la vente permettra à Québecor de régler ses comptes avec la Caisse. La filiale Vidéotron a payé 5% d'intérêt pour sa dernière émission débentures de 10 ans. Des sources évoquent un taux de 6,75% pour la nouvelle émission canadienne endossée par la société-mère. Les Américains obtiendraient 5,75% seulement.

Standard&Poor's et Moody's ont confirmé hier la qualité des titres de dette de Québecor. La première a même rehaussé sa cote de B" à BB en soulignant la robustesse des activités de télédistribution qui devraient permettre au groupe de maintenir un niveau d'endettement raisonnable, à moins de quatre fois le BAIIA, les deux prochaines années.