Après s'être livré une féroce concurrence pour attirer les investissements en sciences de la vie, le Québec et l'Ontario sortent le calumet de la paix. Des organisations des deux provinces se mettent ensemble pour financer des projets de recherche communs, posant la première pierre du fameux «corridor Québec-Ontario» dont on discute depuis des années.

Du côté québécois, le rapprochement est lancé par le Consortium québécois sur la découverte du médicament (CQDM), un regroupement qui englobe universités, secteur public, petites entreprises de biotechnologie et grandes pharmaceutiques. En Ontario, les partenaires sont MaRS Innovation, l'Ontario Brain Institute et les Centres d'Excellence de l'Ontario.

Les organisations participantes financeront des projets auxquels prennent part des centres de recherche ou des entreprises à la fois du Québec et de l'Ontario.

«C'est sûr qu'on n'efface pas les rivalités du jour au lendemain, mais je pense que tout le monde comprend qu'on a intérêt à travailler ensemble. Il a de belles synergies à faire entre le Québec et l'Ontario», a expliqué à La Presse Affaires Diane Gosselin, vice-présidence, recherche et développement des affaires, au CQDM.

«C'est vraiment un cas où 1 " 1 égale davantage que 2, continue Raphaël Hofstein, président et chef de la direction de MaRS Innovation, un agent de commercialisation mis sur pied par 16 institutions scolaires ontariennes. On veut combiner les capacités financières et les expertises des deux provinces pour aller plus loin.»

Convention BIO 2012

L'annonce a été faite à partir de Boston, où toute l'industrie est réunie pour la Convention internationale BIO 2012. Après avoir fait l'objet de discussions pendant plusieurs années, le corridor Québec-Ontario en sciences de la vie avait été annoncé officiellement il y a un an exactement, lors de BIO 2011.

Les projets sélectionnés pourront décrocher jusqu'à 750 000$ sur trois ans pour faire avancer leurs recherches. Pour l'instant, le CQDM dit avoir environ un million à consacrer à l'initiative. Une somme similaire serait versée par les partenaires ontariens.

Les partenaires ne partent pas de zéro puisque deux projets-pilotes ont déjà été lancés entre les deux provinces. Dans l'un d'entre eux, l'entreprise ontarienne Encycle, un professeur de l'Université de Sherbrooke et un autre de l'Université de Toronto collaborent pour générer des librairies de molécules susceptibles de devenir de futurs médicaments.

En entrevue à La Presse Affaires, le nouveau président de Pfizer Canada, John Helou, avait fait un vibrant plaidoyer pour une collaboration accrue en sciences de la vie entre le Québec et l'Ontario.

«Ensemble, le Québec et l'Ontario représentent la troisième grappe en sciences de la vie au monde. Et rien ne nous empêche de rejoindre les deux premières, Boston et San Diego», avait-il dit.

Raphaël Hofstein, de MaRS Innovation, affirme qu'il n'a senti aucune réticence envers un tel rapprochement et assure qu'il s'agit «de la première de plusieurs initiatives».