La Chine a annoncé vendredi un ralentissement de l'inflation mais aussi la plus faible hausse de la production industrielle en près de trois ans, deux facteurs qui devraient inciter le gouvernement à assouplir davantage sa politique monétaire afin de stimuler la croissance.

La production industrielle n'a progressé que de 9,3% en avril contre 11,6% au premier trimestre. Il s'agit du chiffre le plus bas depuis mai 2009, lorsque la hausse avait été de 8,9%.

«L'économie chinoise est encore plus faible que prévu, avec une croissance de la production industrielle à un seul chiffre pour la première fois depuis la crise financière mondiale», souligne Alistair Thornton, économiste chez IHS Global Insight basé à Pékin.

La moindre vigueur de la deuxième économie mondiale se reflète également dans une augmentation moins rapide des ventes de détail, jauge de la consommation des ménages, qui ont progressé en avril de 14,1% sur un an, contre 15,2% en mars et 14,8% pour l'ensemble du premier trimestre.

«Les chiffres de la consommation et de la production industrielle douchent encore un peu plus les espoirs d'une reprise de l'accélération de la croissance en Chine», a commenté Mark Williams, analyste chez Capital Economics.

Les nouveaux prêts bancaires ont pour leur part fortement diminué en avril par rapport à mars, passant de 1010 milliards de yuans à seulement 681,8 milliards de yuans (83,4 milliards d'euros).

Enfin, les investissements en capital fixe, qui contribuent à plus de la moitié de la formation du Produit intérieur brut (PIB) chinois, voient également leur hausse sur un an ralentir à 20,2% pour les quatre premiers mois de l'année, alors qu'elle était de 20,9% pour le premier trimestre.

Ces faiblesses de l'économie devraient inciter le gouvernement à assouplir sa politique monétaire, d'autant plus que la hausse des prix à la consommation a ralenti à 3,4% sur un an en avril contre 3,6% en mars.

Le niveau de l'inflation reste nettement en-dessous du seuil de 4% fixé en mars par le gouvernement, qui surveille de près l'évolution des prix pour maintenir la stabilité sociale dans une période politiquement sensible, avec l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle génération de dirigeants prévue à l'automne.

Sur un an, les prix des denrées alimentaires restent le principal facteur de la hausse, avec 7% de progression, qui frappe de manière disproportionnée les ménages les plus modestes car ces derniers dépensent une plus grande partie de leurs revenus pour se nourrir.

Mais sur un mois, les prix alimentaires ont baissé en avril de 0,9%.

«La question prioritaire pour l'économie chinoise n'est pas l'inflation mais plutôt comment maintenir la croissance économique», a déclaré à l'AFP Liao Qun, économiste pour la Chine chez Citic Bank International in Hong Kong.

Les prix à la production, qui servent d'indicateur avancé de l'inflation à venir, ont pour leur part diminué sur un an de 0,7% en avril. Ils avaient déjà baissé en mars mais seulement de 0,3%.

«L'indice extrêmement faible des prix à la production sera l'un des principaux facteurs qui va contraindre le gouvernement à assouplir davantage» sa politique monétaire, selon M. Thornton.

Un assouplissement monétaire paraît d'autant plus nécessaire que l'économie chinoise est de moins en moins tirée par la croissance des exportations, qui souffrent de la crise de la dette en Europe, et peine à trouver un relais dans la demande intérieure.

En avril, la croissance sur un an des exportations est tombée à 4,9% et les importations ont quasiment stagné avec seulement 0,3% de hausse, selon les chiffres publiés par les douanes jeudi.

Ces chiffres sont nettement inférieurs à l'objectif de croissance du commerce extérieur d'environ 10% arrêté par le gouvernement pour 2012.

Un chiffre lui-même en retrait par rapport à la hausse de 20,3% des exportations et de 24,9% des importations en 2011.

Cette moindre augmentation des échanges extérieurs de la Chine a contribué au ralentissement de sa croissance, passée de 9,7% au premier trimestre 2011 à 8,1% au premier trimestre de cette année.

Afin de soutenir l'activité, la banque centrale devrait prochainement abaisser les réserves obligatoires des banques, leur permettant de prêter davantage, estiment les analystes.

Deux baisses de ces réserves, très élevées en Chine, sont déjà intervenues en décembre et février.