Même pour une grosse société comme Lavalin, les 56 millions US qui sont sortis des coffres pour aller on ne sait où ne sont pas du «p'tit change».

«Du simple fait que ce sont des sommes importantes et qu'il semble que l'erreur de bonne foi soit écartée [en raison de la découverte de plus d'un événement problématique], les faits révélés dans le rapport d'examen sont importants», dit Jacques Fortin, professeur de comptabilité à HEC Montréal.

En téléconférence, Ian Bourne, chef de la direction par intérim, a indiqué que le paiement moyen fait aux agences est de l'ordre de 700 000$ en moyenne, au cours des trois dernières années. Les deux paiements litigieux de 33,5 millions US et de 22,5 millions US représentent respectivement 48 et 32 fois le paiement moyen aux agences.

Le recours à ces agences est répandu dans l'industrie du génie. Sorte de représentants de commerce, ces agences servent d'intermédiaires et aident SNC-Lavalin [[|ticker sym='T.SNC'|]] à décrocher des contrats.

L'examen réalisé par le comité d'audit du conseil d'administration a identifié deux contrats posant problème qui ont entraîné des paiements de 56 millions US.

Dans son communiqué annonçant ses résultats financiers, hier, la société a déclaré des faiblesses importantes liées à son contrôle interne, une admission peu commune selon les experts consultés.

«La question se pose: est-ce qu'il y a eu d'autres cas comme ça qui n'ont pas été révélés?», se demande Diane Paul, professeure agrégée de HEC Montréal.

La découverte de ces paiements non conformes a eu un impact sur les profits de SNC-Lavalin des deux derniers exercices financiers. La société a indiqué hier que 35 millions ont été comptabilisés en dépense en 2011 et que les résultats de 2010 ont été rajustés à la baisse de 17,9 millions pour refléter les paiements de 20 millions effectués en vertu de ce qu'on présume être des contrats d'agence.

Le montant de 35 millions représente 32% du bénéfice net au quatrième trimestre et 8,5% du profit de 2011, tandis que les 17,9 millions représentent 4% des profits de 2010.

Des profits réduits de moitié

Au quatrième trimestre, les profits de SNC-Lavalin se sont finalement élevés à 76 millions, ou 50 cents par action, comparativement à 158,7 millions, ou 1,04$ par action, à la même période, il y a un an. Outre le paiement de 35 millions litigieux comptabilisés en dépense, les résultats sont réduits après la révision défavorable des projets en Libye.

En 2011, les revenus se sont élevés à 7,2 milliards, en hausse de 20%. Les profits se sont établis à 378,8 millions, ou 2,49$ par action, en baisse par rapport à ceux de 2010. Le carnet de commandes dépasse maintenant les 10 milliards.

Prudente, l'entreprise prévoit des résultats en 2012 semblables à ceux de 2011. Le dividende trimestriel est relevé de 4,8%, à 22 cents.