Temps dur pour les agences de sécurité au Québec. La firme qui surveille le quartier général de la police de Montréal vient encore une fois de déclarer faillite, donnant des maux de tête à 110 employés.

Jeudi, l'agence B.E.C.Q. a été obligée de déposer son bilan, étant incapable de faire une proposition à ses créanciers pour les rembourser. En cette veille de Noël, les employés doivent une fois de plus avaler la pilule, n'ayant pas été payés depuis plusieurs semaines.

C'est la quatrième fois en deux ans qu'une entreprise embauchée pour surveiller le QG de la police de Montréal a recours à la Loi sur la faillite. En 2009, l'agence Sécurité et Investigation Cartier avait remporté l'appel d'offres lancé par la Ville de Montréal, mais elle n'a finalement jamais fait le travail, ayant déclaré faillite entre-temps.

L'agence BCIA, de Luigi Coretti, a alors pris la relève, à l'automne 2009. La firme a toutefois déclaré faillite le printemps suivant, laissant des centaines d'employés sur le carreau.

Le chef de police, Yvan Delorme, a ensuite confié le travail à la firme Sécur-Action, propriété d'Éric Beaupré. Pas de chance, quelques mois plus tard, à l'automne 2010, la Ville de Montréal a rompu ses relations avec l'entreprise, après une enquête. La Sûreté du Québec a fait de même, en novembre 2010.

La perte de ces contrats et la mauvaise gestion de Sécur-Action ont obligé l'entreprise à se placer sous la protection de la Loi sur la faillite, il y a trois semaines. Elle doit proposer un arrangement à ses créanciers au début du mois de janvier.

Selon le syndic de B.E.C.Q., ce sont les coûts de financement élevés et les problèmes de rentabilité de certains contrats qui ont poussé B.E.C.Q. à la faillite. L'an dernier, son chiffre d'affaires s'élevait à 3,3 millions de dollars.

Les employés forment le groupe de créanciers le plus important. B.E.C.Q. leur doit 360 000 $, soit cinq semaines de salaires, plus les vacances accumulées et les avantages sociaux. Les autres fournisseurs réclament 70 000 $.

Michel Thibault, responsable du dossier pour le syndic Raymond Chabot, nous explique que les employés récupéreront l'essentiel de leur paie grâce au programme de protection des salariés. Ce programme fédéral accorde jusqu'à 3400 $ aux employés créanciers.

Comment expliquer les difficultés des agences ? « Les entreprises de sécurité ont de très faibles marges de profit. Dès qu'il y a une mauvaise créance ou que des employés font des heures supplémentaires, ce genre d'entreprise éprouve des difficultés », dit Michel Thibault.

Les faibles marges bénéficiaires s'expliquent par la forte concurrence que se livrent les firmes entre elles. Leur avantage concurrentiel est mince, puisqu'elles sont toutes soumises au comité paritaire de l'industrie, qui fixe les salaires des agents. Les salaires sont la principale dépense des agences.

Selon M. Thibault, les clients de B.E.C.Q ont rapidement trouvé une autre agence pour surveiller leurs locaux. Au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), on nous indique que la surveillance est maintenant assurée par Sécurité des Deux-Rives, firme en affaires depuis 1998. Cette firme a essentiellement embauché les agents qui faisaient le travail avec B.E.C.Q.

« C'est ce qui se produit avec la règle qui exige le choix du plus bas soumissionnaire. Ça peut être bon pour les citoyens, mais il y a parfois des conséquences », dit le porte-parole de la SPVM, Ian Lafrenière.