L'opérateur allemand de télécoms Deutsche Telekom et l'américain AT&T se préparent de facto à un échec de la vente de la filiale américaine de téléphonie mobile du groupe allemand (T-Mobile USA) au numéro un américain de la téléphonie mobile, selon un communiqué commun jeudi.

«AT&T a annoncé qu'il s'attendait à passer une charge avant impôts pour tenir compte des possibles indemnités de rupture de contrat qu'il devrait verser à Deutsche Telekom au cas où la transaction ne recevrait pas de feu vert» légal, font savoir les deux groupes, reconnaissant ainsi que cette éventualité était de plus en plus probable.

L'opérateur américain a précisé dans un communiqué séparé que cette charge se montera à 4 milliards de dollar, dont 3 milliards en liquide et 1 milliard en valeur comptable. Elle sera passée au quatrième trimestre.

Les deux groupes assurent malgré tout qu'ils «maintiennent leur projet», toujours plus contesté aux États-Unis.

La Commission fédérale des télécommunications américaine (FCC), l'autorité régulatrice du secteur, a en effet indiqué cette semaine qu'elle mettrait son veto à la fusion, dans le cas où la procédure engagée en justice par le gouvernement américain pour la faire capoter échouerait.

En conséquence, Deutsche Telekom et AT&T ont fait savoir jeudi qu'ils abandonnaient formellement la procédure engagée pour décrocher le feu vert de la FCC.

Le pari de Deutsche Telekom et AT&T est de «concentrer leurs efforts» sur l'autre bataille, celle engagée devant les tribunaux par le Département de la justice américain, et en cas de victoire, de revenir à la charge «pour obtenir le feu vert nécessaire de la FCC», a affirmé Deutsche Telekom.

Le gouvernement américain avait annoncé le 31 août qu'il rejetait ce projet de rachat annoncé en mars, pour 39 milliards de dollars, au motif qu'il nuirait à la concurrence. Un procès doit s'ouvrir à Washington le 13 février.

AT&T contrôle actuellement 27% des abonnements à la téléphonie mobile aux États-Unis, derrière Verizon Wireless (31%), mais loin devant Sprint Nextel (14%) et T-Mobile (9%), filiale de l'allemand Deutsche Telekom. Le reste est réparti entre de petits opérateurs régionaux.

L'agence de notation Moody's a déjà fait savoir qu'un échec de la fusion nuirait surtout à Deutsche Telekom, qui veut absolument céder une filiale trop petite pour être vraiment rentable sur le très concurrentiel marché américain.

En cas d'échec, «Deutsche Telekom devrait certainement déserter le marché américain», a estimé l'agence dans un communiqué paru mercredi.

Moody's estime par ailleurs que AT&T a «amplement assez de liquidités» pour payer à Deutsche Telekom les indemnités de rupture de contrat.

Le communiqué paru jeudi a déplu au marché mais sans le bouleverser. La Bourse avait perdu beaucoup de son enthousiasme pour cette transaction dès l'annonce il y a trois mois environ du veto du Département de la justice américain.

Vers 09h23 (à Montréal), l'action de Deutsche Telekom perdait 0,60% à 8,69 euros à Francfort, sur un indice Dax en hausse de 0,53% à la même heure.