Les automobilistes qui empruntent l'autoroute 15 à Laval l'ont peut-être remarqué: l'immense fusée du Cosmodôme a pris des couleurs. La peinture refaite, il y a un mois et demi, annonce la métamorphose interne du Cosmodôme. À l'aube de ses 18 ans, le Centre des sciences de l'espace s'offre une cure technologique de 10,5 millions de dollars, en partie financée par le gouvernement du Québec (7 millions) et la Ville de Laval (3,5 millions).

Depuis le début d'août 2011, seul le Camp spatial est ouvert au public. Car, en collaboration avec la firme GSM Prjct, le Cosmodôme veut désormais offrir des missions interactives.

Une grande portion de la section musée du Cosmodôme a été transformée. À compter du 15 décembre, jour de l'ouverture du Centre des sciences de l'espace renouvelé, les visiteurs qui opteront pour les trois missions proposées (conquête de l'espace, la planète Mars, sondes spatiales) se promèneront dans un univers ultra sophistiqué, dépouillé, qui emprunte parfois les allures de Cosmos 1999, Alien et autre Star Wars. «On a travaillé avec le ministère de l'Éducation, car on ne voulait pas que ce soit seulement un jeu, précise cependant Sylvain Bélair, directeur général du Cosmodôme. Il y a matière à éduquer. On a sélectionné ce genre d'activités, car les jeunes sont près de la machine électronique et on ne voulait pas les amener dans un musée statique.»

Depuis plusieurs années, le nombre annuel de visites au Cosmodôme stagne à 80 000. D'ici un an, on aimerait gonfler ce nombre à 150 000. «L'information en aéronautique évolue tellement vite, dit Sylvain Bélair. Elle était dépassée dans certaines sections du musée. Avec ce genre d'expérience, on pourra la changer et s'adapter. C'est un investissement à long terme. On a des expositions temporaires, mais il fallait un tel dispositif, un concept évolutif. Par ailleurs, on ne pourra avoir une telle expérience ailleurs. GSM Prjct nous a présenté un concept unique.»

En 17 ans, c'est donc la première métamorphose du genre que subit le Cosmodôme. Grâce à ces missions dans l'espace simulées, chacune de 60 minutes, la direction espère faire passer ses revenus de 1,9 million à 3 millions de dollars.

Plua tard, Sylvain Bélair (également membre du comité sur l'avenir de l'exploration spatiale de la NASA) aimerait actualiser le Camp spatial du Cosmodôme, qui se déroule notamment à bord d'un prototype d'une navette de la NASA. «Mon prochain défi sera d'aller chercher des partenaires pour travailler sur le développement d'un nouveau simulateur, décrit-il. Même si les vols de navette sont terminés aux États-Unis.»

Attaché au Cosmodôme depuis 1995 (d'abord à titre de guide), Sylvain Bélair a appris la patience. «La première fois qu'on s'est dit qu'il faudrait actualiser le musée, c'était en 2001, se souvient le directeur. Mais obtenir du financement pour un musée n'est pas facile. Qui solliciter? Que proposer? L'idée nous a trotté dans la tête pendant 10 ans.

«La naissance du Cosmodôme a été difficile, pour une question de financement, relate-t-il. Là, il va arriver à l'âge adulte. C'est une institution muséale unique. On se devait de la préserver pour la jeunesse. Je suis optimiste, car j'ai connu le passé et je sais qu'on s'en va dans la bonne direction.»